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HS Habillage - Les Grosses Têtes, un générique iconique qui évolue avec son temps

Rédigé par le Vendredi 24 Mars 2023 à 06:25 | modifié le Vendredi 24 Mars 2023 à 06:25



C’est l’un des génériques les plus emblématiques de la radio française. D’abord créé pour le cinéma, le morceau est devenu indissociable de l’émission phare de RTL. Plusieurs fois retravaillé, il a traversé les époques. Une nouvelle mouture est d’ailleurs en préparation.



Composée par Bill Conti, la chanson "Gonna Fly Now" est la célèbre bande originale du film Rocky sorti en 1976. L'année suivante, à la création des Grosses Têtes, elle devient le générique de l’émission incarnée par Philippe Bouvard. "À l’époque, c’est extrêmement innovant de prendre une chanson du commerce pour en faire un générique d’émission, explique Gauthier Hourcade, directeur des programmes de RTL. Généralement, on avait toujours une composition originale qui accompagnait les émissions et quand on les regarde maintenant, elles ont toutes assez mal vieilli. Mais le morceau de Bill Conti est complètement intemporel." C’est Claude Charles (décédé en mars 2021, ndlr) directeur artistique de RTL à l’époque, qui suggéra d’utiliser ce morceau comme générique.

C’est d’ailleurs le même Claude Charles qui proposa d’appeler l’émission : Les Grosses Têtes. "Pour moderniser un environnement plutôt classique, il a choisi un morceau du commerce, un tube, qui symbolisait, d’une part, l’entrée sur le ring et l’affrontement entre les Grosses Têtes et, d’autre part, l’environnement de l’entrée dans l’arène romaine grâce à la longue intro de la version originale."

Une v6 en 2023

Dans les années 1980, RTL se détache de la version originale et la réorchestre, sous la houlette de Gaya Bécaud, fils de Gilbert Bécaud et directeur artistique de RTL jusqu’en 2010. "Il s’occupait de l’habillage de RTL et comme il était par ailleurs chef d’orchestre, il réorchestrait et réarrangeait lui-même les habillages qu’il faisait enregistrer par des musiciens." Dans l’histoire des Grosses Têtes, le générique a ainsi été réinterprété plusieurs fois : dans les années 1980, dans les années 1990, à l’arrivée de Laurent Ruquier en 2014 et encore une fois en 2018. "Le travail, c’est de conserver le générique parce qu’il est complètement iconique et que dans notre univers, c’est un atout extraordinaire. Mais il faut systématiquement le remettre au goût du jour pour qu’il reste intemporel. On modifie les génériques pour ne pas qu’on se rende compte qu’ils vieillissent. Il faut qu’ils soient toujours dans l’air du temps. Le prochain, ce sera la v6 qui sortira quand on sera sûrs à 200% du résultat. A priori, ce sera à la rentrée 2023." 

Un travail de précision

Pour rester contemporaine, la nouvelle version doit s’inspirer des sonorités actuelles. "La différence entre les différentes versions du générique se fait sur des détails très précis, comme le beat. Dans les années 1990, c’était très inspiré eurodance : Ace of Base, 2 Unlimited… C’est devenu un peu plus brut et agressif dans les années 2000 avec la techno de Detroit, Boston, New York, etc. En 2010, c’est le grand retour de la guitare sèche avec des artistes comme Ed Sheeran ou Vianney qui ont su moderniser des sonorités très naturelles." Moderniser l’œuvre sans la dénaturer, c’est tout l’enjeu. Une fois la nouvelle mouture remixée, elle est remastérisée. "C’est l’équivalent du tirage photo. Une fois que l’équilibre des couleurs est fait, il faut choisir ce que l’on met en avant : plutôt une énergie, plutôt une profondeur, plutôt une agressivité…" Entre les différentes propositions artistiques, il va falloir trancher et cela se joue parfois à pas grand-chose. "Il faut être capable de zoomer sur des détails, mais pas trop, et parfois être capable surtout de dézoomer pour anticiper le résultat final. Parfois, entre deux sonorités très proches de basse ou de caisse claire, on se rend compte qu’une fois masterisé et traité par l’antenne, il n’en reste vraiment pas grand-chose. La musique qu’on écoute en studio n’est pas la même que celle qu’on écoute dans son poste. On a des labos et des simulateurs qui nous permettent d’obtenir le son antenne. Donc, on sait ce que cela va donner. C’est très intéressant le travail artistique, mais il ne faut jamais perdre de vue la mise en pratique quotidienne." 
"On modifie les génériques pour ne pas qu’on se rende compte qu’ils vieillissent." Gauthier Hourcade

​3 Questions à... Gauthier Hourcade

LLPR - Toucher au générique… Qui intervient ?
GH -
Le directeur de l’antenne, Ghislain Thomas, et moi-même. Puis différents artistes, compositeurs, arrangeurs, mixeurs… Au total, six ou sept personnes.

LLPR - Combien ça coûte ?
GH -
Tout va dépendre, si on doit faire appel à un orchestre, c’est un certain prix à la journée. Si on travaille avec un musicien seul en musique assistée par ordinateur, c’est cinq à huit fois moins cher. Mais comme nous n’avons pas encore choisi, on ne sait pas encore combien cela va nous coûter.

LLPR - Laurent Ruquier a-t-il son mot à dire ?
GH -
Bien sûr, on va le faire écouter à Laurent Ruquier et à son réalisateur François Renucci. Et si on a du mal à trancher, c’est eux qui vont nous y aider.

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