Brulhatour

De plus en plus de titres que les auditeurs entendent à la radio ont des durées qui passent sous la barre des 2’30. Même les titres francophones semblent suivre la mesure : Claudio Capéo avec "Laisse aller" à 2’28, Suzane avec "Belladonna" à 2’30, Jennifer avec "Sauve qui aime" à 2’37 ou encore Angèle avec "Libre" à 2’42.


Plus c'est court, plus c'est bon

Je prépare actuellement pour le prochain magazine de La Lettre Pro de la Radio un article sur l'évolution de la durée des titres diffusés à la radio. C'est assez surprenant de constater que la durée moyenne a sensiblement diminué ces dernières années. D'ailleurs, cette observation a été faite par de nombreux spécialistes. En 2018, Michel Tauberg, ingénieur à San Francisco, a réalisé une analyse des données du Billboard Hot 100, des données de Spotify et s’est intéressé aux paroles des chansons pour dessiner une tendance.
Selon lui, les résultats indiquaient de grands changements. "En utilisant les données Spotify pour déterminer la longueur d'une chanson, puis en pesant ces données en fonction du nombre de semaines passées dans le classement Hot 100, nous pouvons voir que la durée moyenne d'un titre diminue régulièrement chaque année. De bien plus de 4 minutes à environ 3 minutes et demie, la chanson à succès moyenne devient nettement plus courte. De même, la longueur des titres des chansons change. Les nouvelles chansons à succès sont plus susceptibles d'avoir 2 mots dans le titre au lieu de 3".
Pour l’ingénieur, les chansons qui apparaissent dans le Billboard Hot 100 auraient perdu environ 40 secondes depuis 2000, avec une moyenne de 3’07 pour les 50 meilleurs titres de l’année 2021. À cela, il faudrait aussi ajouter que l'énergie moyenne d'une chanson aurait baissé alors que sa dansabilité aurait augmenté.
Reste que la durée moyenne des chansons populaires n'a cessé de diminuer au cours des dernières années, la part des chansons de moins de trois minutes dans le top 10 est ainsi passée de 4% en 2016 à 38% en 2022 à ce jour, selon Hit Songs Deconstructed.

Rédigé par Brulhatour le Lundi 28 Novembre 2022 à 18:45 | Commentaires (0)

La radio n’est pas morte ! Elle est encore loin de son dernier souffle. C’est le premier constat, sans appel, qu’il faut marteler pour ceux qui ont quitté le pays de la nuance. Notre média demeure extrêmement puissant avec près de 40 millions d’auditeurs. Cependant, après 100 ans d’une existence plutôt ronronnante, la radio doit faire face à de sérieuses difficultés qui viennent la percuter. Seuls ceux qui se cachent derrière leur petit doigt ne veulent pas l’admettre. L’histoire devrait pourtant leur donner tort…


10 raisons qui expliquent l’érosion de l’audience

Le temps
La radio n’est plus la seule dans ce que j’appelle "le temps réel". Avant, elle occupait sans partage cet espace temporel dans lequel elle était très réactive parce que la radio ne nécessite pas de gros moyens pour relayer instantanément une information. Ce qui n’est pas le cas de la télévision (il fallait attendre le soir) ou de la presse écrite (il fallait attendre le lendemain matin). Cette position omnipotente est terminée depuis l’arrivée de l’Internet qui, à sa manière, permet une réactivité égale si ce n’est supérieure à la radio dans la mise en ligne d’une information. N’oublions pas que, le temps c’est de l’argent et la vitesse, c’est le pouvoir.
 
La visibilité
On ne voit pas, ou plus, la radio. Pas suffisamment en tous cas. Plus encore, on n’en entend pas parler. Si la télévision parlait autant de la radio que la radio parle de la télévision, il y a fort à parier que l’audience cumulée gagnerait 4 ou 5 points. Idem pour la presse écrite qui ne fait pas d’effort pour promouvoir la radio alors que, chaque matin, les radios proposent leur traditionnelle revue de presse. Il n’y a pas de renvoi d’ascenseur et ce n’est pas normal. Ajoutons que, dès les années 60, la radio allait régulièrement au contact de ses auditeurs. Souvent quotidiennement. Aujourd’hui, elle reste cloîtrée et claquemurée dans des studios hermétiques coupés du monde extérieur, de ce qu’elle est pourtant sensée évoquer, parler, relayer, expliquer, disséquer, analyser… Pour être entendu, il faut être vu.
 
La musique
Nous sommes entrés dans une ère où l’auditeur devient un enfant gâté. Une sorte de tête à claques qu’il est très difficile de rassasier parce que les nouvelles technologies lui permettent de consommer tout ce qu’il veut, à profusion, quand il veut, jusqu’à plus soif, et où qu’il se trouve. Quand j’étais petit, je me souviens qu’il fallait attendre une, deux ou trois heures pour pouvoir entendre le tube du moment. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. En un, deux ou trois clics, l’auditeur peut écouter le tube d’hier, celui d’aujourd’hui, celui de demain, le nombre de fois qu’il veut. C’est un changement considérable dans la façon de consommer de la musique et donc d’écouter la radio.
 
La publicité
Entre la publicité et la radio, c’est désormais "Je t’aime moi non plus". Oui, la publicité est le carburant du développement de la radio. Même le service public est forcé de se laisser séduire par l’ouverture d’écrans. Mais la publicité est probablement désormais le programme le plus difficile à mettre en onde. Plus encore, il est surement le programme le plus rédhibitoire pour l’auditeur. Placée avant, pendant ou après, la publicité freine forcément son ardeur à écouter. Nul besoin d’études pour le démontrer. Ce long passage obligé et non négociable pour l’auditeur, lui permet d’obtenir ainsi une contrepartie. Dans le monde numérique, cette notion de contrepartie tend à s’atténuer voire à être complètement dissoute.
 
Les éditorialistes
La radio est réputée être un média crédible. Le plus crédible de tous les médias. Avec la mise à l’antenne d’éditorialistes et de spécialistes aux partis pris tranchés, elle rompt cette confiance qu’elle entretenait jusqu’à présent avec l’auditeur. Car l’auditeur vient chercher ici une information vérifiée, objective, impartiale et surtout, neutre. Même si les éditorialistes et les autres intervenants extérieurs n’occupent que peu de place à l’antenne, leurs visions contaminent l’ensemble de la grille. Ils lui donnent une couleur, un style et un engagement. Si la très grande majorité des journalistes fait consciencieusement et méticuleusement son travail, les éditorialistes et les experts créent un point de vue clivant en voulant à tout prix fabriquer de l’opinion. Quelle que soit cette opinion.
 
L’analogique
Ce n’est pas une problématique à balayer d’un revers de main. Le son analogique, c’est déjà le son du siècle dernier. Celui qui a fait les belles heures des grandes ondes et de la modulation de fréquence. Un son avec son lot de parasites et de grésillements en tout genre encore supporté par les plus de 50 ans. La jeune génération a été habituée à écouter un son numérique et, principalement, avec un casque. Les niveaux de confortabilité entre l’analogique et le numérique sont, très, différents. Pour la jeune génération, il sera plus difficile de revenir à une qualité analogique, celle de la radio, et d’oublier la qualité numérique avec laquelle elle a grandi. D’où l’importance du DAB+ qui grâce sa qualité numérique pourrait limiter la casse.
 
Les récepteurs
En milieu urbain, j’émets un gros doute sur le taux d’équipement des jeunes foyers en traditionnels récepteurs : les transistors. Ils considèrent que la nouvelle porte d’entrée du son chez eux passe désormais par le Smartphone et par la commande vocale. La radio doit donc jouer des coudes pour être fortement présente, extrêmement visible et facilement accessible en dehors du territoire hertzien. Elle y rencontre de nouveaux et nombreux concurrents. La taille des parts du gâteau n’en est que plus réduite. C’est en quelque sorte, la fin de l’abondance et de l’audience facile.
 
Le podcast
En particulier, le podcast natif. Le temps passé à écouter un podcast, c’est autant de minutes qui ne sont pas consacrées à la radio. Cette nouvelle offre est une nouvelle concurrente de la radio car comme la radio, le podcast s’adapte à la mobilité. Ajoutons que, le podcast a su, pour l’instant, intelligemment préserver les ingrédients qui ont fait les grandes heures de la radio : la liberté de ton et la liberté de format. Ce sont deux composants qui sont intimement liés au succès de l’épopée des radios libres. La radio a donc tout intérêt à proposer davantage de podcasts natifs en parallèle de son offre en replay. Cette dernière est aussi une des rares opportunités de la décennie. Certes, on écoute la radio différemment mais on l’écoute encore.
 
La sociologie
La société change. Dans la bonne ou dans la mauvaise direction, ce n’est pas la question. Mais elle change vite, beaucoup plus vite qu’à la fin du XXe siècle, période d’abondance, d’insouciance, de légèreté, de frivolité, de facilité et… d’optimisme. Les nouveaux comportements fortement contaminateurs apparus au grand jour, dès le premier confinement, viennent déstabiliser des habitudes et des réflexes d’écoute qui étaient profondément ancrés chez les individus depuis des décennies. Le télétravail et la diminution des trajets domicile/travail notamment, la fatigue informationnelle, l’infobésité, l’information souvent anxiogène, parfois infantilisante et culpabilisante, la nouvelle mode du "partout-tout-le-temps"… provoquent un exil des auditeurs vers d’autres contrées plus vertes en quête de mieux être.
 
L’éparpillement
L’auditeur s’éparpille. Il butine comme le fait un papillon au hasard des fleurs qu’il rencontre sur son chemin. Un peu ici, un peu là-bas. Il a devant lui des territoires inexplorés composés de milliers de flux et de milliers de supports dont le but est de lui voler du temps. Le sait-il ? Non ! Parce qu’il est très loin des sujets qui nous préoccupent mais sensible à son confort personnel. Alors, comme le ferait un papillon, il se laisse porter par le vent des innovations. Sans le savoir, il prendra toujours le chemin le plus court et le moins épuisant qui lui sera proposé par ceux qui innovent. Ainsi, la radio doit probablement innover pour éviter que l’auditeur ne s’éparpille trop...

L'EAR National SO22 est ICI.
L'audience de la radio en France sur 11 ans est .
Vous avez d'autres explications ? C'est par ICI .

Rédigé par Brulhatour le Samedi 19 Novembre 2022 à 10:51 | Commentaires (1)

Les puissantes solutions algorithmiques remplaceront, dans un avenir proche, de nombreux métiers et autres savoir-faire qui font aujourd’hui la fierté des secteurs de la radio et l’audio digital. Un futur pas si éloigné qui, assez curieusement, ne constitue pas un sujet de conversation, encore moins un sujet d’inquiétude derrière les consoles. Et pourtant, personne n’y échappera : du programmateur à l’animateur.


"L'homme créa la machine à son image, à l'image de l'homme il la créa" pour paraphraser le livre de la Genèse ("Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa"). La chapelle Sixtine des temps futurs pourrait devenir notre tombeau...
"L'homme créa la machine à son image, à l'image de l'homme il la créa" pour paraphraser le livre de la Genèse ("Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa"). La chapelle Sixtine des temps futurs pourrait devenir notre tombeau...

Ça coutera moins cher. Ça demandera moins d’efforts. Cela semble correspondre à l’ère du sans effort dans laquelle nous venons d’entrer. Une ère incarnée par l’Homo numericus (1), un consommateur qui veut tout, tout de suite, en faisant le moins d’efforts possibles ou mieux, aucun effort. L’essor des livres audio, avec l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché (2), est symptomatique de la période qui s’ouvre devant nous.  L’ère du sans effort est désormais celle de celui qui se déplace en trottinette électrique, de celui qui prend l’escalator au lieu d’emprunter l’escalier, de celui qui ne descend pas de sa voiture devant son portail électrique, de celui refuse les 500 mètres aller-tour pour chercher son repas et qui préfère être livré manu militari.
Cette ère du sans effort est rendue possible grâce aux développements numériques, technologiques et algorithmiques qui s’accélèrent et ne s’arrêteront pas. Elle aussi est encouragée par de profonds bouleversements sociétaux (3), paradis des canapéistes.

À la radio, y aura-t-il un intérêt à réduire les effectifs ? À entrer dans cette ère du sans effort ? Pourquoi d’ailleurs le ferait-on ? Principalement pour baisser les coûts et, paradoxalement, pour affiner le programme et ainsi gagner en audience.
Ce n’est pas un raisonnement saugrenu que de penser que, parce ce qu’il y aurait moins de salariés dans une radio, il y aurait davantage d’audience. C’est même parfaitement ce qui semble se dessiner grâce à l’émergence de nouvelles solutions numériques parmi lesquelles l’intelligence artificielle. Elle n’a ni les défauts, ni les inconvénients d’un individu. En revanche, elle optimise ses tâches. Les améliore en permanence. Les affute. La course avec l’individu est gagnée d’avance. Une bascule vient d’ailleurs de s’opérer récemment : une intelligence artificielle (4) a été nommée PDG. Comment ont réagi les 3 300 salariés ? À votre avis ? Ils n’ont probablement pas réagi. C’est ça, le plus terrifiant.
Alors, autant envisager notre remplacement progressif et partiel par la machine. Des secteurs entiers sont déjà concernés. Et, ça ne date pas d’hier (5). Il n’y a aucune raison pour que les secteurs de la radio et de l’audio digital y échappent.

Les plus exposés

L’animateur
On sait synthétiser une voix. C’est pas encore très joli mais ça va s’améliorer. Plus encore, on sait faire parler un programme. Prendre une voix naturelle (une vraie voix), et lui faire dire, présenter ou animer un créneau dans un autre flux, à un autre ou au même moment, en assemblant des sons et des syllabes qui sont les siennes, dans d’autres conditions, pendant 5 heures, 6 heures ou 24 heures… C’est tout à fait possible. On pourra choisir son débit, son timbre, son style… Et roule ma poule. Le speech-to-text est déjà très prometteur. Le text-to-speech, c’est le bout du bout. Et c’est demain. Et, je vous pose un billet que l’auditeur ne fera pas la différence.

Le programmateur
C’est probablement celui qui fera partie de la première charrette. Grosso modo, on sait tous comment évolue un titre, de sa naissance à sa mort. Le processus est le même depuis des décennies. Demain, l’intelligence artificielle pourra prendre en compte mille et une données en temps réel, sur mille et un supports et en tirer la substantifique moelle. Le titre pourra ainsi être plus ou moins joué à l’antenne, retiré d’une playlist, intégrer un bloc "Récurrents" ou "Golds", prendre dans la direction du "Frigo" ou du "Congélo". Toutes ces étapes seront conduites, sans intervention humaine, par l’ordinateur lui-même qui élaborera la programmation idéale à condition de lui mettre à sa disposition une base musicale extrêmement qualifiée, base qu’il pourra, à terme, qualifier lui-même…

Le présentateur
Un flash et un journal exigent un travail colossal en amont pour seulement quelques minutes d’antenne. Le choix des infos, la course à l’information, leur réécriture, leur hiérarchie… Tout cela sera engagé par la machine. Aujourd’hui, ce travail demande donc souvent plusieurs heures pour seulement quelques minutes d'antenne. Demain, il nécessitera quelques minutes, voire quelques secondes, pour la même durée qu’aujourd’hui à l’antenne. Pourquoi s’embarrasser d’un présentateur ? Alors, forcément pour les interviews, je vous l’accorde, on peut s’interroger sur la capacité de la machine. Pas sur sa capacité technique mais sur sa capacité à être sensible et créative. Pour autant, avec l’audiométrie portable (et des résultats qui sont déjà disponibles en moins de 24 heures), la machine adaptera le contenu en temps réel.

Le planificateur publicitaire
Ce que l’on a dit au sujet du programmateur musical peut parfaitement s’emboiter à la profession de planificateur publicitaire. Déjà que le métier n’est absolument pas grisant, et surtout répétitif, voilà de quoi régler définitivement le problème. La machine prendra le relai et le prendra beaucoup plus vite et beaucoup mieux que vous. Elle ne commettra pas d’erreur humaine. Elle pourra marteler cette très ancienne maxime latine  : "Errare humanum est, perseverare diabolicum". Le placement des spots dans les écrans via une intelligence artificielle, c’est aussi pour demain. 

Les moins exposés

Le reporter

C’est la clé de voute de la proximité. Un des derniers liens réels avec le terrain. Son rôle va bien au-delà de réaliser des reportages et de ramener du son. Si on le voit, alors on voit la radio. Sur place, il collecte l’information mais, plus encore, prend le pouls de la société, fait remonter des tendances, soigne les relations avec les individus qu’il rencontre. Le reporter est le dernier lien qui vous unit au terrain. Si vous le faites sauter, le lien disparait instantanément.

Le chargé de promotion
Comme le reporter, il est un trait d’union indispensable. Il rapproche ou éloigne les forces vives de votre antenne. Il soigne votre image. La machine l’observe d’un mauvais oeil car le chargé de promotion est doué de deux qualités qu’elle n’a pas encore eu le temps de développer : la créativité et la sensibilité. Ce sont deux notions qu’elle ne comprend pas encore. Parce qu’elles sont souvent bien différentes d’un individu à l’autre…

Le producteur
C’est un chef d’orchestre. Il est rémunéré pour produire des programmes de qualité, j’entends par là des produits qui génèrent de l’audience. Autrement dit, des programmes qui doivent être écoutés par un maximum d’auditeurs (d’ailleurs l’inverse existe-t-il ?). Il utilise les meilleures outils qui sont à sa disposition, fait souvent des choix difficiles et taille parfois dans les effectifs. Il n’y a aucune raison pour qu’il change de fusil d’épaule. Bien au contraire…

Le technicien
S’il doit n’en rester qu’un, ce sera probablement lui, le dernier Jusqu’à ce que la machine puisse se réparer elle-même est la boucle sera bouclée. Pour toujours.

Morale de l’histoire…

La sensibilité des individus, dans un studio ou ailleurs, fait toujours la différence notamment dans les systèmes créatifs. C’est ainsi que l’individu se démarque, certes de moins en moins, de la machine. Mais, l’homme de radio a aussi d’autres qualités, d’autres traits et d’autres vertus. Au-delà de la seule sensibilité qui caractérise un animateur ou un journaliste, il y aussi la sensitivité, l’affectivité (cette aptitude que vous avez à dire "j’aime" ou "je n’aime pas"), la clairvoyance, le ressenti, la finesse, le bon goût, voire l’amabilité…
Tous ces traits de caractère, qui composent l’homme de radio, sont des attributs très subjectifs pour l’algorithme. De facto, la subjectivité ne peut faire et être la machine qui, elle, repose sur un fondement strictement mathématique.
Moralité : soyez créatif et sensible pour ne pas être remplacé !

(1) Homo Numericus  "La civilisation" qui vient de Joël Cohen - Albin Michel
(2) Le Suédois Storytel arrive sur le marché français - La Lettre Pro de la Radio
(3) Portrait du citoyen hyperconnecté en 2019 - Radio-Canada Ohdio
(4) Une femme robot pilotée par une IA devient PDG d'une entreprise - franceinfo
(5) Les luddites se rebellent contre les machines - Herodote
 

Rédigé par Brulhatour le Vendredi 30 Septembre 2022 à 17:42 | Commentaires (1)

Ce ne sont pas les 6 (petits) millions d’auditeurs qui écoutent quotidiennement France Inter dont on vous parle. Ni les presque 40 millions d’auditeurs qui écoutent la radio française chaque jour. Non, non, non… Ceux là, ils sont beaucoup plus nombreux. Plusieurs centaines de millions. 747 pour être précis. Selon les projections, c’est le nombre de personnes qui parleront français à l’horizon 2070 sur la planète. C’est un gigantesque gisement de réjouissances qui se présente à la radio en particulier, et à l’audio digital francophone en général…


747 millions d’auditeurs en 2070

On vous dit que l’abondance c’est terminé ? Détrompez-vous ! L’abondance, c’est demain. Enfin, après-demain. En 2070. À l’échelle de l’humanité, c’est que dalle. Toutefois, pas de panique messires, vous avez donc largement le temps de vous retourner et de vous y préparer. L’abondance sera démographique si l’on en croit les prévisions : 747 millions de francophones au compteur en 2070 sur la planète. Il vous faut juste patienter moins d'un demi-siècle.
Que peut-on bien faire avec 747 millions de francophones ? Et bien déjà, on peut continuer à faire de la radio depuis la France. D’ailleurs en France, et aux alentours de 2070, on devrait compter 68.1 millions d’habitants (1). Une population, un chouia, plus nombreuse mais surtout plus âgée. Le vieillissement de la population paraît inéluctable avec 5.7 millions supplémentaires de 75 ans ou plus et 5 millions supplémentaires de moins de 60 ans. On peut donc imaginer que Nostalgie sera la première radio musicale de France ! Sauf cataclysme, vos enfants continueront à écouter la radio, certes ils seront moins nombreux. Une radio avec des résultats d’audience moins élevés qu’aujourd’hui.

112 grands territoires à forts potentiels à explorer

Ce qui est intéressant, c’est qu’il n’y a pas que les Français qui parlent le français sur la planète. Il y a nos cousins québécois. Nos voisins belges et suisses. Et tous les autres. Le français est la 5e langue mondiale par le nombre de ses locuteurs. Le français est parlé dans 112 pays et territoires, ce qui représente aujourd’hui 321 millions de locuteurs (2). Aujourd’hui, la langue française se place derrière l’anglais, le mandarin, l’hindi et l’espagnol.
Selon les projections, le nombre de francophones devrait se situer entre 477 millions et 747 millions en 2070. Ce nombre dépendra certes des évolutions démographiques annoncées (favorables en Afrique mais défavorables en Europe), mais également de la place du français dans les systèmes éducatifs des pays concernés (3). Sans évoquer tout ce qui n’est pas prévisible : une guerre mondiale, une catastrophe nucléaire, un changement climatique irréversible, un virus ou les dix plaies d'Égypte…. Si les prévisions se confirment, et dans le cas des données hautes, les locuteurs de langue française pèseraient près de 8% de la population mondiale contre 3% seulement actuellement. Ajoutons que le français est encore la 4e langue sur l’Internet. À long terme, la croissance démographique prévue pour l’Afrique devrait assurer indirectement une bonne présence de notre langue dans l’Internet (4).

Pensez votre production pour l’international francophone

Si ce nombre de 747 millions est à prendre avec des pincettes, il est plus de 10 fois supérieur au potentiel hexagonal. Cela signifie que pour celles et ceux qui produisent de l’audio, notamment de l'audio numérique en langue française, les prochaines décennies offriront davantage d'opportunités. Il ne faut pas les ignorer. Et, c’est probablement dès aujourd’hui qu’il faut défricher des territoires, loin de Paris, sous d’autres latitudes. Du moins penser la production, par exemple, d’un podcast en français pour l’international francophone. Penser la radio pour l'international francophone. Penser le rédactionnel en langue française pour l’international francophone dans le but d'élargir le champs des possibles. Il y a 30 ans, il fallait envoyer par La Poste une K7 à une station francophone. Aujourd’hui, cette radio peut télécharger votre contenu en quelques secondes. Mieux encore, ses auditeurs n’ont plus besoin de cette intermédiaire pour vous écouter. Alors, possiblement, les pessimistes diront que cela risque de ne pas fonctionner. Mais si vous ne le faites pas, d’autres le feront à votre place.

Mais évitez les anglicismes, c’est beauf…

Comme j’aborde ici la langue française, je ne voudrais pas terminer sans évoquer tous ces mots qui ont fleuri, notamment dans la bouche des gens des médias, ces dernières années. Je plaide coupable, j’en fais partie. Vous voyez donc certainement à quoi je fais allusion : le cash, les hits, le live, le morning, les news, la playlist, le podcasting, le showcase, le streaming, le talk, le voice track… N’oublions pas non plus tous ces autres  anglicismes insupportables (5) : le bashing, le buzz, les fake news, la task force... c’est ce que j’appelle la customisation (encore un anglicisme) de la langue française. Comme ceux qui customisent leur voiture. J’ai connu un gars qui s’appelait Jean-François. Il n’avait pas inventé la machine à cintrer les bananes mais il était très habile de ses mains. Il avait repensé, à sa manière, sa Renault Fuego. Il en avait mis partout : des longues portées, deux grandes antennes, un béquet arrière, des déflecteurs d'air, deux pots d'échappement, des sièges baquets. Tant est si bien, qu’au bout du bout, ça ne ressemblait plus à rien. Il y avait bien deux ou trois filles de la campagne qui auraient accepté, pour aller au Macumba, de monter dans la Renault Fuego de Jean-François mais le mille-feuilles d’ajouts visuels faisait davantage rire que languir. Je ne sais pas ce qu’est devenu Jean-François. Mais ce que je sais, c’est que ceux qui utilisent de l’ASAP, du Must have, du Senior manager ou encore de la Conf call à tout bout de champ, ont tous un peu de Jean-François en eux… Pensez plutôt aux 747 millions d'auditeurs francophones potentiels. Et, si possible, en français dans le texte.

(1) 68.1 millions d’habitants en 2070 - INSEE Première Nov 2021
(2) Nombre de francophones dans le monde - Observatoire de la langue française
(3) La langue française dans le monde - OIF
(4) La langue française dans le monde - OIF
(5) Anglicismes : les équivalents français recommandés - CSA
(6) Pourquoi s’inquiéter du franglais ? France Culture


 

Rédigé par Brulhatour le Mercredi 31 Août 2022 à 06:05 | Commentaires (0)

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