Brulhatour

Une rentrée radio contrastée et sous tension



Dimanche 31 Août 2025

Cette rentrée radio 2025-2026 s’ouvre dans un climat assez contrasté. On sent bien que les musicales peinent à se renouveler tandis que les généralistes misent sur des contenus très anxiogènes. Entre la concurrence des podcasts, la lenteur de l'adoption du DAB+, des audiences en repli et des Français très sollicités donc déjà fatigués, la radio débute une saison qui ne sera pas de tout repos.



Cette rentrée radio 2025-2026 ne ressemble plus aux précédentes. Les radios musicales affichent leur enthousiasme habituel avec le rituel "On est très content de vous retrouver", usé jusqu'à la corde (et qui témoigne probablement d'une relative fainéantise) tandis que les généralistes reprennent leurs grilles dans un climat marqué par des actualités (très) anxiogènes.
Le contraste est fort : certaines antennes musicales étaient encore en grille d’été le lundi 25 août, ou pire ce lundi 1er septembre (RFM prévoit de lancer sa nouvelle matinale, pas avant le 8 septembre) au moment même où plusieurs stations de Radio France étaient encore affectées par la grève. À l’heure où les auditeurs reprennent le chemin du travail la tête basse, et où socialement ça risque de zouker, la radio semble plus vulnérable que jamais, fragilisée par les nouveaux usages et donc, fortement challengée.


Une radio fragilisée par la concurrence
La radio a perdu sa position d’omnipotence, ne va d'ailleurs pas tarder à la perdre dans la bagnole, et doit désormais composer avec des concurrents multiples et exigeants. Même des figures comme Christophe Hondelatte choisissent de se tourner vers le podcast. Dans un entretien accordé au Parisien, il expliquait : "À la radio, vous devez respecter le conducteur, la durée… Aujourd’hui, ça me plaît beaucoup plus de faire du podcast que de la radio. Il n’y a pas de contraintes horaires et je touche un autre public, beaucoup plus jeune. Cela permet aussi de créer d’autres liens. J’ai découvert par exemple, même si cela peut paraître étrange, que les gens m’écoutaient pour s’endormir… C’est l’avenir. Je ne veux pas être le dernier mec à faire de la radio". La dernière partie de la phrase est très violente.
Cette bascule illustre la mutation en cours et les interrogations qu’elle suscite. Cela témoigne d'une prise de conscience entre ceux qui quittent le navire ou qui envisagent la radio d’une autre façon (notamment en replay) et puis les autres (qui constituent encore et heureusement la majorité) et qui croient, dur comme fer, qu’il ne faut rien changer pour que tout change et parce que la radio, ça continue à rapporter.

Des audiences en lente évolution
Côté audience, la tendance devrait être globalement stable par rapport à la saison passée. L’image du paquebot qui coupe ses moteurs illustre bien la situation : la baisse enregistrée depuis plusieurs mois mettra plusieurs années à se stabiliser. France Inter devrait maintenir sa première place grâce à deux atouts majeurs : une couverture territoriale très complète et une présence publicitaire beaucoup plus faible que ses concurrentes, offrant un confort d’écoute distinctif. Chez les musicales, Nostalgie pourrait devenir la première radio musicale de France en audience cumulée. Elle a déjà occupé à plusieurs reprises la première place en part d’audience, critère clé pour les annonceurs.
Le mot d’ordre reste clair : ne pas ennuyer. Se renouveler dans les questions, les invités et les dotations sans bouleverser l’équilibre reste un exercice délicat mais indispensable. L'auditeur adore les surprises mais à une sainte horreur des nouveautés notamment les ruptures trop brutales dans ses habitudes d’écoute.
Plusieurs stations méritent une attention particulière. Europe 2, avec Cauet, pourrait engranger de nouveaux résultats après une installation progressive. Radio Nova, grâce à son émission "La Dernière", a gagné en solidité et devra confirmer. En revanche, des inquiétudes demeurent pour les radios diffusées en DAB+, la technologie n’ayant pas encore été pleinement adoptée par les auditeurs.

Une radio en quête de crédibilité
La rentrée a donc aussi été marquée par une grève à Radio France. Selon les chiffres cités par Télérama, 10.6% des personnels étaient en grève le lundi, 6.18% le mardi, 5.08% le mercredi et 4.56% le jeudi. Si ces proportions ne paraissent pas élevées, elles ont néanmoins eu des conséquences concrètes à l’antenne. Reste la question de l’efficacité de ce mode d’action. Autrefois, la grève constituait une arme de pression redoutée. Aujourd’hui, dans un paysage médiatique où la radio a perdu, faut-il le rappeler, son caractère omnipotent, on peut s’interroger sur sa pertinence.
Enfin, un constat s’impose : les généralistes fabriquent davantage de la radio d’opinion que de la radio de service ou d’information. Cette orientation accentue le climat anxiogène et pose la question de la crédibilité à long terme. Dans un contexte où la concurrence des podcasts, des plateformes de streaming et des contenus à la demande est toujours plus forte, la radio doit trouver un équilibre entre fidélité à ses codes et adaptation aux nouveaux usages. Penser à long terme, c'est d'abord savoir convaincre les actionnaires. 
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