Brulhatour

Encourager le jeune public à écouter les podcasts



Mercredi 7 Avril 2021

D’abord, le jeune public est une cible très sollicitée par les médias. Cette cible dispose devant elle de centaines de contenus notamment des contenus vidéo qui sont beaucoup plus faciles à s’accaparer et qui demandent surtout beaucoup moins d’attention et de concentration. C’est une réalité, elle n'est pas idéale mais c’est une réalité...


Alors, bien sûr, on peut dire qu’avec seulement le son, c’est du temps d’écran en moins. C’est un postulat intéressant. Seulement, cela me rappelle les Années 80 lors de l’explosion de la télévision. Tous les parents le répéter : priorité à la lecture. Tu parles Charles ! Tous les gosses ont commencé à sur-consommer la TV. Et, le résultat a été implacable : aujourd’hui, seulement moins de 2% des familles n’ont pas de téléviseur à la maison.

Le podcast jeunesse part d’une bonne intention. Mais le combat est très loin d’être gagné d’avance. Pas plus tard que ce week-end, j’observais dans ma famille des jeunes qui ont entre 2 et 5 ans. Faut voir quel pouvoir quasi magnétique et hypnotique le téléphone portable a sur eux. Je ne vous parle pas de l’outil en tant que tel, je vous parle de ce qu’il distille : l’image et le son en même temps. C’est juste incroyable. Tu veux avoir la paix, tu leur donnes un portable. Seulement, je ne les ai pas trop vus écouter des podcasts jeunesse…

J’ajouterai que le très jeune public est un public impitoyable. Pas comme celui des adultes qui vous dit que ce que vous faites c’est bien mais qui tient rarement ses promesses. Le jeune public quand ils pense que c’est nul, il vous le dit. Je ne saurai d’ailleurs trop vous conseiller (à celles et ceux qui se lancent dans le podcast jeunesse) d’observer cette jeune génération, de lui parler, de l’interroger, de chercher, auprès d’elle, des leviers potentiels : ses centres d’intérêt, ses envies, ses besoins, ses rêves, ses peurs… Bien connaître la cible est toujours fondamental surtout lorsqu’elle est beaucoup plus jeune ou a contrario beaucoup plus vieille que vous. Tout cela pour tenter d’effacer ce décalage générationnel.

La production d’un podcast jeunesse (pour le jeune public) c’est pour moi un vrai sacerdoce. Mais au-delà de la simple et seule histoire à raconter sous forme d’épisodes, il faut explorer d’autres pistes. On peut s’adresser au jeune public sans pour autant le bassiner avec des contes, des fables et des histoires de prince charmant. Le podcast jeunesse en complément de l’école, le podcast jeunesse des aventuriers et des casse-cou... le podcast jeunesse, c’est d’abord un podcast pour les grands mais adapté aux plus jeunes : plus court, plus clair.

Le premier obstacle que je retiens et que je n’avais pas noté en préambule de cette Room, c’est quand même l’obstacle lié aux parents. Notamment pour les tout-petits. C’est un constat, je le crois, à ne pas ignorer. En fait, la question qu’il faut se poser : est-ce qu’il ne faut pas d’abord convaincre les parents avant de convaincre les tout-petits ? Cette question est fondamentale. Et s'ajoute donc, de facto, une difficulté supplémentaire. J’imagine que les parents préfèrent le podcast jeunesse qui apporte une valeur ajoutée (un complément de leçon). Donc, Target n° 1 : convaincre d’abord les parents.

Deux mots sur le livre audio. Ça date pas d’hier. On n’a rien inventé. C’est tout sauf une nouveauté. Et on a trop tendance à l’oublier. Je me souviens de Fernandel sur 45T qui racontait l’histoire de La Chèvre de Monsieur Seguin d’Alphonse Daudet ou encore Marlène Jaubert avec Le Petit Poucet de Charles Perrault.
C’est un vrai marché pour la jeune génération qui arrive, pas la nôtre qui a aujourd’hui 40 ou 50 ans qui a un autre rapport au livre. Pourquoi ? Parce que c’est du temps d’écran supplémentaire sur ce que l’on appelle une liseuse.
Je suis assez circonspect sur le fait de ne pas relier la lecture aux mots de façon tactile.
La lecture c’est déjà compliqué : il faut de la solitude, de la motivation, de la concentration, de l’intérêt et surtout du temps. Croyez-moi ce ne sont pas (plus) des vertus aussi faciles à réunir…
Brulhatour