Brulhatour

L’écriture d’un podcast documentaire



Mercredi 23 Novembre 2022

Un travail de titan. Un travail au long cours. Un marathon. Voilà ce que peut représenter l’écriture d’un podcast documentaire. Je n’évoquerai ici que la seule écriture, c’est-à-dire tout le travail en amont de la production et de la diffusion. Car ici, on enfile davantage le costume de journaliste que celui de podcasteur. Ici, on travaille dans autre temporalité, celle du temps long. Il faut donc de l’intérêt, de la curiosité, de la passion et de l’engagement.



D’abord, c’est avec un peu d'appréhension que je vais tenter de parler de l'écriture d’un podcast documentaire dans cette nouvelle Room sur ClubHouse en présence de  Stéphane Berthomet. Très honnêtement, je pense qu’on ne va rien lui apprendre à Stéphane et que c’est même l’inverse qui va se produire.
 
Plus encore que toutes ces qualités réunies, ce que l’on appelle le "podcast documentaire" (qui est un peu une sorte de fourre-tout dans lequel on trouve les longues séries et tout ce qui demande un travail approfondi et minutieux de recherches) exige avant tout une certaine disposition d’esprit. Comme certains ont "une certaine idée de la France", il faut avoir "cette certaine disposition d’esprit". Il faut être également patient. Ou, plus exactement, être en capacité organisationnelle et financière d’être patient. C’est un peu comme l’écriture d’un livre et la réalisation d’un film. Il faut avoir les moyens de travailler pendant de longues semaines sans être soumis à des impératifs financiers.
 
Bien connaître le sujet
C’est probablement la condition sine qua non. Prendre en compte la faisabilité du projet. Cette condition n’est pas négociable parce que porter et supporter un sujet que vous ne connaissez pas, que vous ne maîtrisez pas, ou pire, un sujet qui a déjà été traité ou avec lequel vous n’avez aucun lien, aucun atome crochu, ni aucune une onde d’affinité, va considérablement vous compliquer la tâche. Alors, c’est du bon, mais il faut avoir envie. Envie de creuser le sujet, envie de le partager intelligemment et artistiquement, envie de signer un bon travail. Si vous avez une ou plusieurs affinités avec le sujet retenu alors votre travail s’en ressentira. C’est probablement 30% de la réussite.
 
Faire du terrain
Ce que l’on appelle le "podcast documentaire" exige aussi que vous y consacriez du temps. Souvent beaucoup temps. Et pas seulement derrière un écran. Ce que vous trouverez en restant derrière un écran a déjà été trouvé donc traité. Cela n’est plus inédit. Votre démarche, c’est donc de vous transformer en détective. Un reporter de terrain qui va humer l’air du temps, collecter des témoignages inédits, des informations jamais traitées, interroger des témoins jamais sollicités… Vous ne les trouverez pas derrière votre écran. Le podcast documentaire, c’est d’abord être sur le terrain : en immersion.
 
Prendre son temps
Ici, vous n’êtes pas dans le copier/coller ni dans le glisser/déposer. Les longs formats demandent un temps d’écriture considérable. Plus, c’est long, plus vous devez scénariser votre podcast. Et il y en a des choses à mettre : des archives, des nouveaux témoignages, des illustrations sonores, des musiques… Apporter des compléments, revoir et affiner parfois son conducteur, prendre de la hauteur, mettre en perspective… Répondre à ces questions : pourquoi cette archive et pas une autre ? Pourquoi un témoignage ici et pas là. La scénarisation, c’est un métier. Un casse-tête.
 
Aimer perdre du temps
Lisez, cherchez, sortez, consultez, questionnez, fouillez, rencontrez, enquêtez, fouinez… Souvent cela ne débouchera sur rien parce que les fausses pistes et les hors-sujets sont nombreux dans le cadre d’un travail au long cours. Mais, en étant aux aguets en permanence, cela vous permettra de vite bénéficier d’une vue à 360°, de vous imprégner au maximum et de mieux rendre ainsi visible le fil de votre podcast.
 
Bien s’entourer
Forcément. Assurément. Obligatoirement. Nécessairement. Impérativement. Parce que le collectif crée l’émulation. Un tel vous indiquera une information qui vous aura échappé. Un autre vous permettra d’entrer en contact avec ce que l’on appelle un bon client. Les gens autour de nous apprécient toujours mettre leur pierre à l’édifice. Question de fierté ! Il ne faut pas les empêcher. Parce que votre scénario est aussi susceptible d’évoluer dans la bonne direction. 
 
Il est toujours très enivrant et délicieux de terminer un travail au long cours. D’avoir pu réaliser son projet qui a demandé du temps, du travail, qui parfois a été marqué par des périodes de découragement. Ça compte dans nos vies quotidiennes qui sont malmenées par le "partout-tout-le-temps".
C'est aussi un travail qui restera et qui pourra, peut-être, inspirer des auditeurs et des... podcasteurs.
Brulhatour

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