Brulhatour

Le podcast peut dire merci à la radio !



Mercredi 18 Janvier 2023

Qui croyez-vous qui tire vers le haut les audiences du secteur du podcast ? C’est la radio ! Alors oui, il y a bien quelques belles envolées pour quelques podcasts natifs mais rappelons ici que la majorité des podcasts dits "populaires" le sont grâce à la radio parce que ce sont ce que l’on appelle des replays, autrement dit, des émissions initialement diffusées à la radio.



D’abord, il faut comprendre cet engouement pour le podcast replay et ne pas s’arrêter seulement aux bons chiffres. Le podcast replay connaît une santé de fer pas seulement parce qu’il est produit par des professionnels de la radio mais parce qu’il répond à de profonds bouleversements comportementaux : les changements d’usages. Et, je peux même vous poser un p’tit billet que cette courbe demeurera ascendante encore très longtemps. Oui, le podcast replay connaîtra demain ses plus belles heures parce que les modes de consommation changent et évoluent comme jamais. L’auditeur recherche du contenu personnalisé et surtout revendique sa liberté : celle de pouvoir écouter quand il en a envie et ou qu’il soit, le contenu sonore qu’il a choisi.
Si j’osais, je vous dirais même que la radio en direct a du souci à se faire parce que l’auditeur n’est plus aussi malléable qu’auparavant. Désormais, il peut choisir. Il en profite. Et devant lui, se dessine une offre gigantesque pour ne pas dire "prototypesque".
 
Le mariage de la carpe et du lapin ?
 
D’aucuns disent qu’il est nécessaire de cloisonner l’offre issue des radios et celle issue des podcasteurs. Épaissir l’étanchéité entre les deux. Je partage avec vous mon avis : le replay a autant besoin du natif que le natif a besoin du replay. Vouloir séparer les deux, c’est vouloir tuer le marché. Je m’explique : la radio a tout intérêt à se tourner vers le podcast natif pour aller y débusquer des podcasteurs capables de créer des nouveaux contenus pour la radio. Comme les podcasteurs du secteur natif ont tout intérêt à s’accrocher au secteur du replay pour bénéficier de sa puissance.
Et puis, les radios l’ont bien compris. Nombreuses sont celles qui désormais pensent d’abord "podcast" avant de penser "programme" strictement réservé au territoire radiophonique. Mieux encore, la radio imagine dorénavant une émission classique comme un podcast afin que le contenu sonore soit facilement adaptable, dans un sens comme dans un autre, sur l’ensemble des supports. Davantage commercialisable aussi…

Le podcast natif est aussi l’avenir de la radio
 
Disons-le, Radio France a pris une belle avance sur ses concurrentes. Pas une seule semaine sans que l’entreprise publique ne propose un nouveau podcast natif à ses auditeurs. Radio France a considérablement musclé son offre de podcasts. Pas seulement les podcasts replays mais aussi et surtout les podcasts natifs. L’entreprise fait de gros efforts pour accompagner la croissance du secteur.
Tellement d’efforts qu’elle vient de lancer Pod’Casting, un casting géant de podcasteurs (les candidatures sont ouvertes jusqu’au 10 février 2023). Ce casting national part donc à la recherche propose d’amateurs de podcast qui devront présenter leur idée ou leur concept à des professionnels. Notons que dans cette stratégie, Radio France imite ou est aussi imitée par Radio-Canada ou encore par la RTBF. Je ne parlerai pas ici des (très) nombreuses initiatives engagées, outre-Manche, par la BBC.
 
Du donnant-donnant
 
Il n’est pas question de savoir si les podcasts produits par les radios sont meilleurs ou pas que les podcasts produits par des studios indépendants. Soyez certains que la radio française ne pourra certainement pas répondre à toutes les sollicitudes des auditeurs en matière de création sonore parce que ce n’est pas forcément son cœur de métier. Mais soyez certains que la radio participera, à sa manière, à la structuration du marché. Elle a tout à y gagner pour aller chercher une autre audience qui n’écoute pas, ou moins ou plus du tout, la radio. Enfin, soyez aussi certains que les podcasteurs du natif auront tout intérêt à se tourner les radios pour élargir leurs audiences et bénéficier de capacités de production qu’ils n’ont pas. C’est ce que l’on appelle du donnant-donnant.
Pour terminer, ne tombons pas dans un militantisme bête et méchant, ou alors faites-le de façon intelligente. Pas à la manière des radios libres dans les années 80 qui se sont isolées, volontairement, en ne voulant pas s’inspirer des réussites des autres radios, celles qui sont parvenues à s’émanciper rapidement, à se développer et à s'inscrire dans la durée. Les podcateurs du secteur natif auront donc tout intérêt à aller vers la radio et, en particulier, vers les radios publiques ou, dans le cas que j’évoquai, vers les radios associatives.

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