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La confiance dans les informations a chuté dans près de la moitié des pays

Rédigé par le Mercredi 22 Juin 2022 à 15:55 | modifié le Mercredi 22 Juin 2022 à 15:55



Si le rapport Digital News Report 2021 de l'année dernière contenait des signes positifs pour l'industrie de l'information, force est de constater que ce n'est plus totalement le cas pour l'année 2022 et que cette nouvelle mouture est moins optimiste que la précédente. L'intérêt pour les actualités et la consommation globale d'actualités ont considérablement diminué dans de nombreux pays.


Tandis que la confiance a reculé presque partout, on constate également que une fatigue et désintérêt pour l'actualité. Plus largement, les données de ce Digital News Report 2022 confirment comment les différents chocs de ces dernières années, y compris celui lié au Covid-19, ont encore accéléré les changements structurels vers un environnement médiatique plus numérique ,plus  mobile et dominé par les plateformes.

Que retenir ? D'abord, que la confiance dans les informations a chuté dans près de la moitié des pays de cette enquête réalisée sur 46 marchés et augmenté dans seulement 7, annulant en partie les gains réalisés au plus fort de la crise sanitaire. En moyenne, environ 4 personnes sur 10 de l'échantillon total (42%) déclarent faire confiance à la plupart des informations, la plupart du temps. La Finlande reste le pays avec les niveaux de confiance globale les plus élevés (69%), tandis que la confiance dans les médias aux États-Unis a encore chuté de trois points de pourcentage et reste la plus faible (26 %) dans notre enquête. La France obtient un résultat de seulement 29%.

Ensuite, que la consommation des médias traditionnels, tels que la télévision et la presse écrite, a encore diminué l'année dernière sur presque tous les marchés (avant l'invasion de l'Ukraine), la consommation en ligne et sociale ne comblant pas l'écart. Alors que la majorité reste très engagée, d'autres se détournent des médias d'information et, dans certains cas, se déconnectent complètement des nouvelles. 

Du désintérêt à l'évitement sélectif...

L'intérêt pour les informations a aussi fortement chuté sur tous les marchés, passant de 63% en 2017 à 51% en 2022.
Dans le même temps, la proportion de consommateurs qui déclarent éviter les informations, souvent ou parfois, a fortement augmenté dans tous les pays. Ce type d'évitement sélectif a doublé au Brésil (54%) et au Royaume-Uni (46%) au cours des cinq dernières années, de nombreux répondants affirmant que les nouvelles ont un effet négatif sur leur humeur. Une proportion importante de personnes plus jeunes déclarent éviter les nouvelles parce qu'elles peuvent être difficiles à suivre ou à comprendre - ce qui suggère que les médias d'information pourraient faire beaucoup plus pour simplifier, mieux expliquer ou contextualiser des histoires complexes.

Une actualité répétitive et anxiogène

Ceux qui évitent sélectivement les actualités donnent diverses raisons pour expliquer ce comportement. Dans tous les marchés, de nombreux répondants se disent rebutés par la répétitivité de l'actualité - en particulier autour de la politique et du Covid-19 (43%), ou qu'ils se sentent souvent épuisés par l'actualité (29%). Une proportion importante dit qu'ils évitent les nouvelles parce qu'ils pensent qu'on ne peut pas leur faire confiance (29%). Environ un tiers (36%), en particulier ceux qui ont moins de 35 ans, déclarent que l'actualité dégrade leur humeur. D'autres disent que l'actualité engendre des disputes qu'ils préféreraient éviter (17%) ou mène à un sentiment d'impuissance (1%). Une petite proportion dit qu'ils n'ont pas assez de temps pour les nouvelles (14%) ou que c'est trop difficile à comprendre (8%).

Des nouvelles approches pour limiter la casse

Les sujets que les journalistes considèrent comme les plus importants, tels que les crises politiques, les conflits internationaux, les pandémies mondiales et les catastrophes climatiques, semblent être précisément ceux qui détournent certaines personnes de l'information, en particulier parmi les plus jeunes ou les plus difficiles à atteindre.
De nombreux organes de presse adoptent des approches telles que le journalisme de solutions autour de sujets tels que le changement climatique, qui visent à donner aux gens un sentiment d'espoir ou d'action personnelle. D'autres cherchent à trouver des moyens d'élargir l'agenda à des sujets plus délicats ou de rendre les informations plus pertinentes au niveau personnel, mais il y a vite une limite à ce que les journalistes peuvent - ou devraient faire - pour rendre les informations "plus acceptables".

Le rapport complet (en anglais) est accessible ICI


Frédéric Brulhatour
Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé... En savoir plus sur cet auteur