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Les Dossiers #5 - La radio entre deux eaux

Rédigé par le Vendredi 3 Janvier 2020 à 08:00 | modifié le Mercredi 12 Août 2020 à 14:03



Alors que l’écoute de la radio et des podcasts cartonne sur les enceintes intelligentes, les éditeurs se doivent d’être présents sur cette nouvelle génération de terminaux d’écoute. Mais pas à n’importe quel prix ! Échaudées par l’expérience de la presse écrite dont les articles étaient diffusés gracieusement par les GAFA, les radios ne veulent pas être mangées à la même sauce mais rester propriétaires de leurs contenus, pour éviter qu’ils ne soient commercialisés à leur insu.


Pour Jean-Éric Valli, rien ne dit que demain la norme de diffusion soit encore le broadcast. © D.R.
Pour Jean-Éric Valli, rien ne dit que demain la norme de diffusion soit encore le broadcast. © D.R.

120 000 stations de radios et plus de 6 millions de podcasts sont diffusés par TuneIn. L’agrégateur compte 75 millions d’utilisateurs par mois dans le monde entier. Certains éditeurs ont fait le choix délibéré d’être référencés. D’autres subissent la mainmise du géant américain sur le streaming de leurs radios et les flux RSS de leurs podcasts. Une situation qui embarrasse nombre de radios qui se retrouvent entre deux eaux. D’un côté, l’agrégateur rend disponibles leurs programmes sur les enceintes intelligentes ; de l’autre, il commercialise des contenus qui ne lui appartiennent pas en intégrant sa propre publicité.


Chez Les Indés Radios, une réflexion est en cours pour bouleverser la donne. Comme récemment pour la presse écrite, les éditeurs ne sont pas protégés. "On ne peut pas by-passer le flux d’une radio et mettre un intermédiaire qui, lui, va être rémunéré, analyse Jean-Éric Valli, président du Groupe 1981 et président des Indés Radios. Il y a deux moyens pour contourner le problème : un moyen juridique, comme pour la presse écrite, que nos différents syndicats sont en train d’étudier avec les autorités. Il y a aussi un moyen plus organisationnel : que l’offre se fasse indépendamment des agrégateurs qui font ce qu’ils veulent avec nos produits."

Des enceintes au fonctionnement obscur

Du côté utilisateur, la solution est obscure. Si Les Indés Radios ont développé leurs propres skills en parallèle à ce que peut proposer chacune des radios, rien ne dit que l’enceinte intelligente diffusera les programmes via ces solutions. "Nous n’avons, aujourd’hui, aucune garantie qu’au final, l’auditeur écoute le programme via l’une ou l’autre des skills, explique Jean-Éric Valli. Notre réflexion, c’est de proposer des skills pour les enceintes qui les acceptent. Tout dépend ensuite de la phrase que l’on va prononcer. Si je dis "Je veux écouter Voltage", l’enceinte connectée peut aller chercher le flux sur la skill de TuneIn. Pour que la skill des Indés Radios soit utilisée, il faut dire "Demande aux Indés Radios de lancer Voltage". Mais pour l’instant, c’est le fabricant de l’enceinte qui décide à notre place de la skill qui va diffuser le programme. Or, TuneIn ne rémunère pas les flux que nous fournissons, mais se fait rémunérer comme intermédiaire. C’est un peu comme si vous vendiez des produits que vous n’allez jamais payer à votre fournisseur. C’est intolérable."

Une loi pour clarifier les choses

"Aujourd’hui, je ne vais pas taper du poing sur la table et retirer le programme de Voltage, poursuit Jean-Éric Valli. Les agrégateurs n’ont pas besoin de telle ou telle radio, ils ont toutes les radios de la terre ! Par contre, les autorités doivent tenir compte des nouveaux canaux de diffusion car rien ne dit que demain, la norme d’écoute sera le broadcast. Il faut une évolution législative et notre organisation professionnelle proposera des alternatives. Face à cette forme de chantage, il faut trouver un équilibre : je fournis un programme, je récupère les datas générées par mon programme, et je touche une rémunération."
En quel honneur devrait-on fournir gracieusement nos programmes à des tiers qui font un profit dessus ?

Retour d’expérience

Un an et demi après avoir créé sa propre skill pour Alexa, Hotmix Radio constate que son audience sur ce canal reste marginale. "Mais il est hors de question de laisser tomber, assure Olivier Riou, le fondateur de la webradio. La majorité de notre audience, c’est notre site et nos applis mobiles et en deuxième position, TuneIn." 1 230 000 auditeurs en France au mois d’août. 4 600 000 dans le monde. Difficile de faire l’impasse sur les agrégateurs et Olivier Riou n’y pense pas : "Je suis d’accord sur la philosophie, mais nous sommes trop petits pour nous passer d’eux. C’est comme si sur ma Freebox je n’avais pas RMC. Pour l’expérience utilisateur, c’est mauvais. Disparaître de ces agrégateurs qui nous apportent un pourcentage d’audience relativement conséquent, c’est se tirer une balle dans le pied. Je ne peux pas disparaître de TuneIn ou de Deezer. Aujourd’hui ça n’aurait pas de sens."

Contact

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