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RadioTour à Nice : Frequenza Nostra : "donner la parole à ceux qui ne l'ont pas ou peu"

Rédigé par le Mercredi 7 Octobre 2020 à 10:40 | modifié le Mercredi 7 Octobre 2020 à 20:47



La radio Frequenza Nostra est une radio associative qui émet dans la région Ajaccienne sur la fréquence 99. Ce matin, lors de l'étape azuréenne du RadioTour, son président, Vincent Ciccada, a expliqué la vocation de cette station et sa vision d'avenir.


Dominique Ciabrini (directrice) et Vincent Ciccada (président) : deux chevilles ouvrières de Frequenza Nostra en Corse
Dominique Ciabrini (directrice) et Vincent Ciccada (président) : deux chevilles ouvrières de Frequenza Nostra en Corse

LLPR - Votre station porte le nom de Radio Fréquenza Nostra, une appellation pas très éloignée de Radio Fréquenza Mora. Pourquoi ce choix ?
VC -
Nous voulions sans aucun calcul exprimer notre positionnement, celui d'une radio qui ne décroche pas pour passer les programmes des radios nationales. L'adjectif "Nostra" (notre) sans le raccrocher à un autre mot, n'avait aucun sens. Puisqu'il s'agit d'une fréquence, nous avons adopté le mot "fréquence", ainsi "Notre fréquence" en langue corse se traduit par "Frequenza Nostra".

 


LLPR - Frequenza Nostra est une jeune station puisque créée en 2001. Pourquoi avoir choisi la promesse Made 100% Nustrale ?
VC -
Frequenza Nostra s'appuie sur les actions qu'elle a initié, un programme construit en local rythmé par un quotidien très riche en rencontres. Notre volonté était de ne pas se laisser aspirer par les idées de programme des autres radios. En effet, au regard de l'implantation ancienne des autres radios, il fallait éviter d'être comparé à l'incomparable et ce au regard de nos petits moyens financiers et techniques. Ainsi, l'option de faire construire notre programmation par notre proximité intuitive et spontanée nous a rendu vivant avec notre son imparfait, nos erreurs et nos dysfonctionnements mais aussi avec notre humanité, nos envies de partage et nos ondes ouvertes. 

LLPR - Pourquoi avoir fait le choix de renforcer vos programmes en direction notamment du public scolaire ?
VC -
Sur la région Ajaccienne, c'est un public qui n'était pas, voir peu, sollicité par les autres radios. Le début de notre histoire avec les scolaires s'est fait sur une manifestation dans le rural et la rencontre avec un collégien lourdement handicapé. Hugo a été notre premier stagiaire, nous avons déplacé la radio à son domicile pour qu'il puisse faire son stage... C'est un des moments de vie qui restera dans l'histoire de notre construction et qui aura été, sans aucun doute, l'élément déclencheur. Par la suite, l'inscription de notre radio à la Semaine de la Presse nous a conforté dans l'idée que l'avenir se construisait avec les plus jeunes, l'écho favorable de l'Éducation Nationale et le partenariat avec l'OCCE 2A nous a consolidé dans ces projets éducatifs. Aujourd'hui, la Communauté de Communes du Pays Ajaccien (CAPA) a financé dans le cadre du contrat ville, la Radio Scolaire, permettant ainsi le déploiement de studios mobiles dans les écoles en Quartiers Prioritaires de la Ville, mais elle a encouragé également la Semaine de la Presse en présentiel dans notre studio (250 enfants 6 écoles), la DDSCP a emboîté le pas avec l'agrément Jeunesse Education Populaire accordé en avril 2020. Nous pensons collégialement que la radio associative ne peut s'entendre sans les scolaires.

LLPR - Vous proposez une offre relativement étendue de podcasts locaux. Est-ce que ce format répond une demande en Corse ?
VC -
Avec le Made 100%, l'objectif de la radio Frequenza Nostra est de donner la parole à ceux qui ne l'ont pas ou peu, nous ne convoitons pas ceux qui l'ont souvent sur les autres médias. Mais qu'observons-nous chez les autres supports médiatiques disposant d'une offre web ? Tout est disponible, en replay. En conséquence, réécouter et conserver la parole de nos auditeurs, et par voie de conséquence, les personnes qui font notre programme nous est apparu naturelle, nous avons ainsi mis à l'honneur des personnes lambda dans le panorama insulaire médiatique, acteur du quotidien. Le podcast a cependant répondu à une vraie solution quant à la couverture FM, souvent couverte à des endroits par les radios italiennes, surtout en période estivale. Enfin, il nous a permis aussi d'avoir la participation de personnes éloignées, notamment de scolaires de Porto-Vecchio. Le regret est de n'avoir pas eu d'information quant au support à privilégier, nous utilisons SoundCloud... nous ne sommes pas convaincus que ce soit le bon moyen. 

LLPR - Vous diffusez à Ajaccio. Le DAB+ peut-il être une solution pour couvrir l'ensemble de l'île ?
VC -
Le DAB+ est annoncé comme la solution miracle à nos problèmes de diffusion, de couverture sur toute la Corse et une alternative aux perturbations des radios italiennes. La question que nous nous posons est comptable, qui va payer l'addition de cette diffusion sachant que la crise économique liée au COVID 19 ne va pas nous épargner, nos financements sont restreints : FSER, subventions des collectivités... Quels sont les auditeurs qui vont s'équiper de nouveaux postes fixes et autoradios, étant donné que c'est une nouvelle technologie et que l'actuelle parc FM n'est pas compatible ? Aujourd'hui, la radio s'écoute de plusieurs façons : appli sur smartphone, ordinateurs, enceinte intelligente, autoradio connecté... Le DAB+ arrive t-il trop tard ? Le renouvellement des autoradios ne pourra pas se faire du jour au lendemain... Quid du montant de la double diffusion qui sera inévitable.


Frédéric Brulhatour
Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé... En savoir plus sur cet auteur