Derrière cette ligne se trouve notamment Thierry Voyer, directeur de Radio Néo, qui parle de la programmation comme d’une “recherche permanente” nourrie de doutes mais aussi de convictions fortes. La radio, rappelle-t-il, reste un média de masse, capable de toucher “un très grand nombre de personnes”, loin des bulles algorithmiques d’Internet. Toute la difficulté consiste donc à conjuguer exigence artistique et accessibilité, sans tomber dans l’entre-soi des seuls passionnés.
"Il y a énormément de matière. Il n'y a pas besoin d'aller chercher très loin pour trouver des titres qui peuvent toucher un large public."
Thierry Voyer
Une vitrine musicale différente
"On essaie d'être une vitrine objective et diversifiée de ce qui se produit à un moment donné en France, dans l'espace francophone."Radio Néo assume un parti pris clair : mettre en avant des artistes peu ou pas exposés ailleurs, sans pour autant chercher l’avant-garde à tout prix. Thierry Voyer insiste sur l’immensité du champ musical disponible en France et dans l’espace francophone, souvent sous-exploité à l’antenne. “Il y a énormément de matière”, explique-t-il, évoquant cette surproduction musicale dont seule une infime partie accède aux rotations des grandes radios. Le pari de Néo est alors simple et ambitieux : proposer une vitrine diversifiée des tendances musicales du moment, en restant fidèle à une diffusion majoritairement francophone. Cette singularité passe aussi par une méthode de programmation artisanale, presque militante. Chaque titre est écouté, y compris les productions auto-produites ou encore embryonnaires. Refuser de se contenter des envois des majors et des attachés de presse permet à Radio Néo d’échapper à la logique du tube et du flux continu. “On ne cherche pas forcément l’artiste qui va faire un tube”, résume Thierry Voyer, revendiquant la liberté rare de pouvoir programmer sans autre pression que celle de séduire les auditeurs.
- Thierry Voyer
Accompagner les artistes dans la durée
"La radio doit retrouver son rôle de prescripteur, d'aller chercher les artistes, de ne pas simplement être un rôle fédérateur."À l’antenne, cet engagement se traduit par des rotations pensées pour installer les morceaux dans le temps. Diffusés trois ou quatre fois par jour, parfois davantage, les titres ont le temps d’exister. Radio Néo se positionne ainsi très en amont des trajectoires de carrière, comme ce fut le cas pour Miki, diffusée bien avant que les médias généralistes ne s’y intéressent. L’accompagnement dépasse largement la seule diffusion musicale. Chroniques dédiées, agendas de concerts, partenariats avec de petites salles, showcases et concerts organisés par la radio : l’éditorial et le terrain se rejoignent pour donner de la visibilité aux artistes émergents. Une approche cohérente avec l’ADN associatif de la station et son rôle de prescripteur.
Thierry Voyer
La fréquence pleine, un tournant symbolique
"Il y a quelque chose à faire. Et quand on regarde les évolutions de radio comme FIP, Nova, c'est peut-être pour d'autres raisons, mais FIP, c'est une croissance d'audience continue."L’arrivée de la fréquence pleine à Paris marque un moment fort dans l’histoire de Radio Néo. Une émotion intense pour celles et ceux qui portent le projet depuis un quart de siècle. Thierry Voyer parle d’un combat de longue haleine, nourri d’espoirs et de désillusions, et d’une pensée collective pour “les centaines de personnes” qui ont contribué à faire vivre la radio au fil des années. Sur le plan pratique, Radio Néo diffusait déjà en continu sur Internet et en DAB+. Mais la FM reste une colonne vertébrale symbolique. Mettre fin à la demi-fréquence, aux programmes discontinus et aux plages blanches, c’est enfin pouvoir “faire de la radio correctement 24 heures sur 24”. Un soulagement éditorial autant qu’un levier pour fidéliser les auditeurs et convaincre partenaires et soutiens.
Thierry Voyer
Une gouvernance qui renforce le projet
"C'est un privilège incroyable de pouvoir faire encore ce type de radio où on se permet de programmer ce qu'on veut."Depuis la fin de l’année 2024, Radio Néo a aussi connu une évolution importante de sa gouvernance avec l’arrivée de Christophe Mercier à la présidence. Un changement que Thierry Voyer décrit avant tout comme une mise à jour plus qu’une rupture. Fort d’une solide expérience dans la radio musicale locale, notamment au sein de stations comme Oxygène Radio en Seine-et-Marne ou Vosges FM, Christophe Mercier apporte à Radio Néo un savoir-faire précieux en matière de développement d’audience et de structuration. Pour Thierry Voyer, cette rencontre est presque paradoxale mais extrêmement riche : d’un côté, une radio associative à la programmation alternative, de l’autre, un professionnel issu de radios musicales plus traditionnelles. Loin de toute concurrence, les deux visions se complètent. Cette nouvelle présidence permet des échanges d’expériences, des mutualisations de moyens et une meilleure maîtrise technique, sans jamais remettre en cause l’ADN éditorial de Néo. Au contraire, Thierry Voyer souligne que ce renfort donne à la radio les moyens de consolider son indépendance et de réaffecter ses ressources au programme, là où tout se joue.
Thierry Voyer
Une radio humaine face aux algorithmes
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Dans un univers dominé par les plateformes et leurs recommandations automatisées, Radio Néo revendique la valeur du choix humain. Pour Thierry Voyer, la radio de demain passe par l’éditorialisation, la contextualisation et la curiosité, autant d’éléments que les algorithmes peinent encore à reproduire. La radio reste l’un des rares médias capables de sortir l’auditeur de sa bulle musicale, de le confronter à la diversité et de créer une écoute partagée.
Avec sa programmation francophone, son accompagnement des artistes émergents et désormais sa diffusion en fréquence pleine, Radio Néo poursuit ainsi une mission discrète mais essentielle : rappeler que la radio musicale peut encore être un espace de découverte, de liberté et de transmission, loin des formats figés et des playlists prévisibles. Une singularité qui, vingt-cinq ans après, continue de faire sens.
Avec sa programmation francophone, son accompagnement des artistes émergents et désormais sa diffusion en fréquence pleine, Radio Néo poursuit ainsi une mission discrète mais essentielle : rappeler que la radio musicale peut encore être un espace de découverte, de liberté et de transmission, loin des formats figés et des playlists prévisibles. Une singularité qui, vingt-cinq ans après, continue de faire sens.












