La Lettre Pro de la Radio & du Podcast

Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Mardi 28 Octobre 2025 - 08:50

L’accent s’efface-t-il du paysage radiophonique français ?


Notez


Selon une étude menée par Preply et Censuswide auprès de 1 500 Français, 55% des personnes interrogées estiment que leur accent régional s’efface. Un sentiment particulièrement marqué chez les 16–28 ans, à 58.8%. Dans un secteur comme la radio, où la voix reste l’identité première, cette uniformisation peut interroger sur la place de la diversité linguistique à l’antenne.



L’étude révèle qu’un Français sur deux pense que son accent régional tend à disparaître, une perception qui atteint 55% à l’échelle nationale. Ce ressenti est plus prononcé dans les régions historiquement marquées par leur identité linguistique : 63% en Corse et 62% en Provence-Alpes-Côte d’Azur. À l’inverse, les habitants de Nouvelle-Aquitaine (49%) et d’Occitanie (48%) se montrent plus mesurés, tout en reconnaissant une évolution vers une langue plus uniforme.
Les résultats varient fortement selon l’âge. Les 16–28 ans sont 58.8% à percevoir une disparition de leur accent, contre 54% chez les 45–60 ans et 51% chez les 61–79 ans.

Cette gradation illustre l’impact de la mobilité, des études supérieures, des médias nationaux et des réseaux sociaux sur la manière de parler. Les jeunes évoluent dans un environnement connecté où l’accent régional devient plus discret, parfois perçu comme un frein à la compréhension ou à la crédibilité professionnelle.

À la radio, la voix se normalise

Dans le paysage radiophonique, cette tendance se retrouve dans le choix et la formation des voix à l’antenne. L’accent “neutre”, longtemps associé à la norme parisienne, reste majoritaire sur les grandes radios nationales. Pourtant, les radios locales et régionales, comme Ici, Totem,ou 100%, rappellent chaque jour combien la couleur vocale participe à la proximité. Les auditeurs y reconnaissent une voix familière, un rythme, un souffle du territoire.
Alors que les podcasts et les contenus audio numériques multiplient les formats, les voix régionales y trouvent un nouvel espace d’expression. De nombreux producteurs et journalistes choisissent de conserver leur accent, revendiquant un ton authentique, ancré, plus identifiable pour l’auditeur. L’uniformisation n’est donc pas inéluctable : la radio et l’audio digital peuvent au contraire devenir le lieu d’une redécouverte des accents, à condition d’en faire une richesse et non un obstacle.

Une langue en mouvement, entre adaptation et attachement

Pour Preply, cette perception ne signe pas la fin des accents mais leur transformation. La mobilité, la mixité linguistique et la généralisation des échanges audio et vidéo modifient les repères traditionnels sans effacer les identités. Dans les médias, et particulièrement à la radio, cette évolution questionne la manière de former, de recruter et d’incarner la parole publique. La diversité vocale demeure un marqueur de confiance et d’authenticité, deux valeurs fondamentales de la relation auditeur.




Frédéric Brulhatour
Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé... En savoir plus sur cet auteur


Dans la même rubrique :
< >

Jeudi 4 Décembre 2025 - 13:15 Abonnez-vous à La Lettre Pro de la Radio