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Un jour sans fin à la radio

Rédigé par le Lundi 26 Juin 2017 à 07:51 | modifié le Lundi 26 Juin 2017 à 08:18



L’habitude à la radio est une mauvaise amie. Une possible maitresse dont il ne faut pas tomber sous le charme. Votre chef d’antenne serait tellement jaloux de cette liaison qu’il ne vous supporterait plus, tellement elle aurait une emprise sur votre style….



Avez-vous vu le film "Un jour sans fin" ? Il s’agit d’une comédie qui raconte l’histoire d’un journaliste, condamné à revivre indéfiniment la même journée. Phil Connors, incarné par Bill Murray, se réveille chaque jour à 06h au son de la radio locale qui, chaque matin, diffuse donc le même Morning avec les mêmes animateurs, les  mêmes lancements,  les mêmes blagues et les mêmes musiques. Tous les matins, à précisément 06h, il entend Sonny and Cher avec "I got you babe". Le type dépérit à vue d’œil, et va jusqu’à détruire son radio réveil.  Effrayant n’est-ce pas ?

Les auditeurs, à différents degrés, possèdent tous en eux un peu de Phil Connors. Capables de vous zapper lorsqu’ils doivent faire autre chose ou pire, vous zapper et vous oublier parce que vous répétez toujours la même chose, au même moment, avec le même entrain, avec la même consistance ou inconsistance, avec les mêmes mots qui s’articulent autour des mêmes formules toutes faites… Et des animateurs ou  des journalistes qui ont choisi la routine, il y en a certainement près de vous. Effrayant n’est-ce pas ?

"Radio, micro, dodo"… ou le train-train quotidien


Une des difficultés d’un animateur est de renouveler la manière dont il annonce ou désannonce des titres, la façon dont il lance les chroniques ou la manière dont il accueille sur l’antenne un auditeur. Une difficulté d’autant plus accentuée qu’il doit toujours utiliser un vocabulaire adapté à sa cible, un style qui façonne et qui représente sa station, un ton qui le caractérise… Avec le temps, l’animateur peut basculer dans la facilité (le "radio, micro, dodo") et s’appuyer sur des automatismes qui, utilisés, chaque jour deviennent particulièrement toxiques pour l’oreille de l’auditeur.

Ce constat est d’ailleurs d’autant plus vrai pour les voice-trackeurs qui, enregistrant au kilomètre leurs speaks, ont tendance à se répéter. Si ces derniers gagnent du temps en durée d’enregistrement, ils en perdent en créativité rhétorique et s’appuient trop souvent sur des automatismes. À leur décharge, des speaks diffusés à plusieurs centaines de kilomètres de distance mais à leur charge des désannonces, des constructions de phrases et des contenus qui sentent le "déjà entendu" : "à  suivre sur X Radio", "soyez les bienvenus", "merci de nous avoir choisi"… et toutes ces formules inutiles, qui ne servent à rien, qui ne provoquent rien chez l’auditeur, si ce n’est un abandon progressif.

Le journaliste n’est pas en reste bien que celui-ci disposerait paradoxalement de plus de temps dans l’écriture de ses lancements ou de ses fermetures. Ainsi, les partisans du moindre effort réutilisent sans cesse, et plus grave encore sans le remarquer ni sans en avoir l’impression, ces phrases passe-partout, phrases toutes aussi inutiles que les précédentes : "Bienvenue dans ce journal", "sans transition", "dans le reste de l’actualité" ou  "merci d’avoir suivi cette édition" sans compter sur "le recteur doit revoir sa copie" ou la très célèbre "feuille de route du Ministre".

De l’utilité de l’écoute des piges

Il est curieux de rencontrer aujourd’hui encore des animateurs et des journalistes pour qui l’écoute de piges est inutile. Il y a ceux qui vous disent que "s’écouter est trop prétentieux", d’autres qui vous assurent qu’ils ne peuvent "pas s'entendre, et donc supporter,  leur voix", d’autres qui sont persuadés que "l’écoute de pige est réservée aux débutants".
À la radio, le debriefing passe généralement par cette écoute de piges. Un conseil : si vous êtes seul à vous écouter, vous perdrez du temps. Si vous êtes plusieurs, vous en gagnerez comme vous gagnerez d’entendre ce qu’une oreille extérieure pense de vos prestations. Tout le monde a ses faiblesses, son "Ça" et son "Surmoi", ses boulets, ses lacunes, ses interdits, ses défauts… Savoir lesquels permet d’améliorer ses forces, sa technicité, ses qualités…


Frédéric Brulhatour
Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé... En savoir plus sur cet auteur

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