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Nik Goodman : les secrets d'un bon morning show

Rédigé par le Jeudi 25 Février 2016 à 08:20 | modifié le Mercredi 24 Février 2016 à 17:48



Nik Goodman, une figure de la radio outre-Manche, a fait en tant qu'animateur la pluie et le beau temps sur quelques-uns des plus beaux réseaux britanniques. Aujourd'hui consultant au sein de l'agence Bounce, il conseille de grandes marques (BBC, Sky) sur les questions de programmation, de son et de contenu. Pour lui, le morning de la radio est une tranche plus que fondamentale.



LLP - Qu’est-ce qu’un bon morning ?
NG - Il faut avoir plusieurs ingrédients. Vous devez disposer de fortes personnalités le matin. Des personnes qui font bondir les haut-parleurs de la radio vers l’auditeur et qui intéressent vraiment les auditeurs. Des personnalités uniques aussi, ainsi qu’un caractère unique au morning. Le morning doit être connu pour quelque chose de particulier, et c’est cette chose qui fait les fondements du morning. Et enfin, je pense qu’un bon morning doit donner du sens à une journée. Qu’est-ce qui fait que cette journée sera différente de celle d’hier et sera différente de celle de demain ? Je pense que ce sont certains de ces éléments clés que je rechercherais si je devais construire un morning.
 
LLP - Un morning à rallonge ?
NG - Je crois vraiment au morning de 24 heures. La technologie permet aux animateurs de communiquer avec leurs auditeurs à tout moment de la journée. Donc, même lorsque vous n’êtes plus à l’antenne de manière traditionnelle, vous pouvez toujours vous connecter au travers de tous les réseaux sociaux. De nombreux animateurs que je connais utilisent le contenu tout au long de la journée pour alimenter le programme du lendemain. Donc, ils l’utilisent presque comme une ressource afin de continuer le dialogue. Donc oui, je crois vraiment à l’animateur qui est "à l’antenne" tout le temps.

Le local est une force qu'il faut utiliser !

LLP - Combattre les mornings nationaux ?
NG - Les mornings des stations nationales disposent de gros budgets. Ils dépensent beaucoup d’argent et bénéficient de belles campagnes à la télévision. Les radios locales et régionales n’ont pas cela. Dans ce créneau du morning, il est très important de s’intéresser aux communautés locales. En tant que station locale, vous pouvez le faire bien mieux qu’une radio nationale. Bien entendu, les mornings nationaux ont de grandes personnalités et bénéficient d’entretiens exclusifs avec les stars... Mais ils ne parleront pas de l’école du quartier qui est fermée car le chauffage ne fonctionne plus, ils ne sauront pas qu’il y a un embouteillage au coin de la rue, et ils ne sauront pas qu’il y a un bel événement dans la ville, au bout de la rue dans laquelle vous habitez. Je pense que si vous développez un morning local, il faut jouer à fond cette carte locale, tous les jours, et en faire l'un de vos atouts contre les radios nationales.
 
LLP - Tout miser sur le morning ?
NG - Miser tout sur le morning n’est pas vraiment sage, mais ce n’est pas une erreur non plus. Les mornings sont, sur un grand nombre de marchés en Europe, là où la partie la plus importante de l’audience se rassemble. Donc, si vous voulez aller pêcher là où les poissons se trouvent, c’est peut-être sage d’investir de ce côté-là. C’est aussi pour beaucoup de stations, là où une grande partie du chiffre d’affaires est générée. Pas simplement avec les publicités à l’antenne, mais aussi grâce aux sponsors et aux promotions qui peuvent être placés dans le morning. Donc, avoir un morning réussi construit le capital humain de la station, mais c’est aussi vital pour les recettes de la station. Donc, ne misez pas nécessairement tout sur votre morning, mais misez tout de même beaucoup sur votre morning !

Divorce en direct à l'antenne

LLP - Quelles tendances ?
NG - La tendance du moment, c'est la franchise. Une franchise qui vient de l’animateur en direction des auditeurs. Partager tous les aspects de sa vie avec les auditeurs est une vraie tendance actuellement en Angleterre et d’autres endroits en Europe. L’auditeur devient vraiment le meilleur ami des animateurs. Ils font cela en partageant des conversations sur leurs enfants, sur l’achat d’une nouvelle voiture ou sur la location d’une maison. Un exemple que j’ai entendu la semaine dernière : une animatrice a annoncé à l’antenne qu’elle allait divorcer. Ils en ont fait un événement, car quelques années plus tôt, ils avaient fait la même chose pour son mariage. Donc, la franchise est une part importante d’un morning réussi. L’animateur doit être franc avec ses auditeurs.
 

LLP - Quid du pré-morning ?
NG - Je pense qu’il est important de proposer "une émission petit déjeuner" très tôt : un pré-morning si vous préférez. Car tout le monde ne se lève pas à 6h30 ou à 7h. Un grand nombre de personnes se lèvent plus tôt et elles désirent être, elles aussi, diverties. Donc, je pense qu’il est possible de les fidéliser et de se créer une sorte de club des lève-tôt et avoir un animateur qui sait qu’il est face à des gens qui se lèvent à 4h30 ou 5h et davantage encore dans les grandes villes, comme à Londres où je vis. Les gens se lèvent tôt et ont de plus en plus de longs trajets à effectuer.

Donc, faire et cibler un programme spécialement pour ces personnes qui travaillent dur, qui se lèvent les premières ou qui rentrent du travail parce qu’elles travaillent de nuit, n’est pas une mauvaise idée…


Frédéric Brulhatour
Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé... En savoir plus sur cet auteur

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