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La radio est une conversation

Rédigé par le Jeudi 2 Janvier 2014 à 08:20 | modifié le Jeudi 2 Janvier 2014 à 08:20



De l’autre côté du micro, on a parfois tendance à l’oublier, mais il y a de vraies personnes qui nous écoutent vraiment. Ça s’appelle des auditeurs. Bien souvent nos auditeurs nous ressemblent, et ils ont le sentiment de partager quelque-chose avec nous. Ça n’a l’air de rien, mais c’est fondamental : la radio est une conversation. Si vous voulez être écouté, il faut savoir l’entretenir. Voici six rappels de bon sens par Jean-Charles Verhaeghe pour éviter de rendre votre conversation… assommante.


# 01 Visualisez votre auditeur

Nos auditeurs ne se rassemblent jamais dans de grands auditoriums pour nous écouter en groupe. Ils n’échangent pas de regards complices à chacun de nos bons mots. Ils ne se poussent pas du coude en se pâmant de plaisir à chaque fois qu’on ouvre le micro. Dommage, on aurait adoré ça. La radio, il faut le dire et le redire, c’est du one-to-one. On ne parle jamais à une assemblée lorsqu’on fait de la radio, mais toujours à une personne à la fois. Qu’on se le dise : l’archétype de l’auditeur est un type en pyjama, mal rasé, qui -au mieux- vous écoute en mangeant ses biscottes ou au pire en chantant sous la douche (on a d’autres images, mais on vous les épargne). Alors en ouvrant le micro, tâchez de l’imaginer dans son jus (sa salle de bains, sa voiture) ou mieux : adressez-vous à un de vos proches du monde réel. En vous rappelant que mêmes vos plus proches ne sont pas religieusement pendus à vos lèvres, et vous le savez bien. C’est d’ailleurs pour ça que vous faites de la radio.
La radio est une conversation

# 02 Évitez de lui dire… des âneries

On avait plus grossier mais on se retient. Pourtant, on en a plein, des exemples d’âneries. Tenez : comme cet animateur de flux dont on se souviendra longtemps. Pas mauvais du tout, remarquez. Bonne voix, bon punch, bonne mise en onde, bon show. Et tout à coup : le drame. Nous sommes au volant, dans une grosse capitale régionale en fin d’après-midi. Nous zappons de radio en radio. Les généralistes, les thématiques, plusieurs programmes locaux, et tous les grands réseaux musicaux se bousculent sur la bande. Et voilà notre animateur régional qui ose ceci : "Pas la peine de chercher : XXXX FM, c’est bien la seule radio à vous diffuser, toute la journée, vos tubes préférés !". Très bien. On doit donc vraiment faire semblant de croire qu’il n’y a pas NRJ, Virgin ou FUN sur la zone. Faire semblant de croire que cette radio est la seule à diffuser des tubes. Qu’elle est d’ailleurs la seule à y avoir pensé. Lorsqu’on dit une énormité pareille, on admet en creux que l’on n’a rien à dire, rien à revendiquer, pas de valeur ajoutée à faire valoir. C’est le degré 0 de la radio. Vaut mieux se taire.

# 03 Il ne faut pas lui en dire le plus possible

Mais… le mieux possible. Un animateur ou un journaliste de radio doit zapper de lui-même ce qui ferait zapper son auditeur. Les longueurs, les tunnels mous, les blablateries chiantes, les phrases qui se dévissent. La formule "y’en a un peu plus, je vous le mets quand même ?" est proscrite en radio. Taillez tous les contenus en petits morceaux, attaquez par le plus intéressant, ne gardez jamais le meilleur pour la fin, allez droit au but et parlez simple. Et notez bien que ce conseil vaut aussi pour les radios de talk : il faut aujourd’hui savoir "faire court". Souvenez vous que même Bernard Pivot estime que Twitter devrait être enseigné dans les écoles de journalisme, pour leur apprendre à aller à l’essentiel et en 140 caractères.

# 04 Animateur, journaliste, tu n’es pas un orgue de barbarie

Vous savez, cet instrument sympatoche qui ingère et qui recrache des plaques perforées. Souvent actionné par un petit singe à l’œil vide, d’ailleurs. Encore une fois, si la radio est une conversation, j’attends de mon animateur et de mon journaliste qu’ils s’impliquent dans l’histoire qu’ils me racontent. Et SURTOUT PAS qu’ils me lisent avec un ton ampoulé et le petit doigt en l’air une méchante dépêche d’info locale ou un épouvantable communiqué de l’amicale des pompiers. Des phrases courtes, du langage parlé ! Je veux bien savoir que l’amicale des pompiers organise son loto vendredi, mais pas en me gaufrant l’intégrale du communiqué, mal lu, pendant ce qui me semblera durer des heures.

# 05 Ne parlez pas à votre auditeur en pensant à autre-chose

On a tous vécu ça : ce type au sourire factice et à la cravate de flanelle qui nous sert la main en regardant notre voisin. Qui nous débite une phrase convenue en suivant des yeux une jolie fille qui passe. Ce type est grossier sans même s’en rendre compte, parce qu’il nous laisse entendre qu’en fait, nous n’avons pas beaucoup d’intérêt pour lui. L’animateur ou le journaliste de radio qui commet cette erreur gravissime est aussitôt disqualifié par son auditeur. Tout ce qu’on dit dans un micro doit être vrai, assuré, assumé. Et ce qu’on ne maîtrise pas, on ne le dit pas : un micro, c’est une loupe très puissante. La voix en dit bien plus sur vous que vous ne le pensez.

# 06 Faites fonctionner l’empathie

En résumé, si vous voulez que quelqu’un vous écoute, il faut commencer par lui parler. Pas lui réciter une leçon, pas lui lire une thèse, et ne pas le bluffer. Si vous voulez être intéressant, vous devez être intéressé. Si vous voulez être concernant, vous devez être concerné. Si vous voulez être amusant, vous devez être amusé. Et fuir le "prêt à dire", les formules toutes faites, les expressions vides de sens !

# 07 Rendez-vous à Neuchâtel...

"La radio est une conversation" est également le titre de la conférence que donnera Jean-Charles Verhaeghe lors de la cinquième édition de l'Atelier Radiophonique Romand qui aura lieu à Neuchâtel en Suisse le 7 février prochain autour du thème : "Radio : label de qualité ? Comment aborder la qualité en radio aujourd’hui ?".
Toutes les coulisses de cet événement ICI

 



Frédéric Brulhatour
Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé... En savoir plus sur cet auteur

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