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OÜI FM réclame une évolution rapide des quotas

Rédigé par le Vendredi 17 Janvier 2014 à 17:51 | modifié le Vendredi 17 Janvier 2014 à 18:03



Recevant chaque année plusieurs mises en demeure pour non respect des quotas de chanson française, la radio OÜI FM est sortie de son silence consécutivement à la publication par le CSA d’un rapport sur l’exposition des musiques actuelles par les radios musicales privées. La Radio Plus Libre + Rock espère une évolution de la loi datant de 1994 afin de mieux répondre à l’appétit des auditeurs.


Pas de bras de fer entre Emmanuel Rials, qui dirige Oüi FM, et le Conseil supérieur de l’audiovisuel. D’ailleurs, le dirigeant de la station (propriété de l’animateur Arthur) indique que ce rapport du CSA dévoilé il y a quelques jours est "un travail remarquable et exceptionnel". Comprenez que cet imposant résumé d’une situation qui n’a que trop duré, pointe quelques réalités que Emmanuel Rials ne connaît que trop bien : "nous ne parvenons pas à réaliser nos quotas, car cette loi inadaptée date de 1994, du temps du Minitel et du transistor. Elle est devenue complètement obsolète. A l’impossible nul n’est tenu. Nous ne pouvons pas diffuser ce qui n’existe pas".
Il n’est pas nécessaire d’être un as de la programmation musicale pour comprendre que Oüi FM, radio au format rock, joue en permanence les équilibristes : "le rock n’est plus francophone. Les artistes français chantent maintenant en anglais" clame Emmanuel Rials. Et celui-ci n’a pas tord… Yodelice, Justice, Cocoon Lily Wood, Pony Pony Run Run, Skip The Use, Shaka Ponk ou encore The Doo… Tous ces groupes ont deux points communs : "ce sont tous des artistes majeurs de la scène Pop Rock française mais qui ne chantent pas en français" se désole le dirigeant. Alors, les programmateurs s’arrachent les cheveux de la tête pour placer un titre français derrière, par exemple, un Nirvana ou un Metallica.

Une contrepartie de 1 200 titres chaque semaine

Conséquence ? Cette programmation musicale bancal impacte sur les audiences de la station parce qu’un fan de Scorpion ou de Dire Straits aura forcément des difficultés à succomber dans la foulée à un jeune talent issu de la variété française. Il a donc tout intérêt à élaborer une playlist personnalisée via Spotify ou Apple : "il y a une véritable concurrence frontale d’internet. C’est une concurrence solide, et déloyale car ces acteurs ne dépendent ni du CSA ni des quotas" précise Emmanuel Rials qui s’enorgueillit d’être une très rare radio à diffuser chaque semaine "plus de 1 200 titres différents et plus de 400 artistes différents pour seulement 159 titres pour le leader du secteur".
Emmanuel Rials propose d’explorer trois pistes pour sortir du carcan des quotas. Primo : "il faut différencier les radios qui diffusent un nombre important de titres à celles qui en jouent 159. Avec 1 200 titres, nous participons à la richesse et à la diversité musicales". Secundo : "le Jazz et le classique ne sont pas concernés par cette loi sur les quotas qui ne cible que les musiques de variété. Il faut donc que le rock ne le soit pas non plus car le rock ne peut absolument pas être apparenté à la variété". Enfin tertio : "nous accueillons très favorablement ce rapport du CSA. C’est pourquoi, il faut le soutenir dans cette démarche pour que la loi évolue rapidement. A trop attendre, les voitures seront toutes équipées d’autoradio Internet, sans quotas ni CSA" plaide Emmanuel Rials, plus motivé que jamais pour faire bouger les lignes.

Ne plus être pointé du doigt

Il y a un peu plus d’un mois, Oüi FM recevait une énième mise en demeure pour ne pas avoir respecté ses quotas : "parce que nous avons fait évoluer notre programmation musicale, alors nous recevons une mise en demeure mais, dans le même temps, nous constatons que notre audience augmente quand nous respectons les goûts de notre cible".
Fatigué d’être régulièrement pointé du doigt pour ne pas respecter la loi, Emmanuel Rials remarque à juste titre que : "si toutes les radios étaient pigées, croyez-moi, nous ne serions pas les seuls à recevoir des mises en demeure. Chérie FM, RFM, Europe 1, RTL2, Rire & Chansons ainsi que les radios "A" qui disposent de 21 % des fréquences ne le sont pas et toutes les stations du Groupe Radio France n’y arrivent pas non plus".
Mais ce n’est pas forcément la concurrence avec les radios qui inquiète Emmanuel Rials mais bien les solutions qu’offre dorénavant internet pour accéder à sa musique préférée : "cette vieille loi doit évoluer en même temps que les innovations technologiques. Imaginez une loi qui imposerait une limitation de vitesse à toutes les voitures mais dont les radars ne fonctionneraient que pour les voitures bleues. Nous, nous sommes dans une voiture bleue…".
Oüi FM ne veut plus être mis à l’amende, et soutien le CSA dans sa démarche courageuse de modernisation du régime obsolète et dangereux des quotas.


Frédéric Brulhatour
Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé... En savoir plus sur cet auteur

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