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Le MAG 88 - Nicolas Curien : "la bande FM est victime de son succès"

Rédigé par le Jeudi 20 Avril 2017 à 09:00 | modifié le Jeudi 20 Avril 2017 à 09:03



Président du groupe de travail "radio" au CSA depuis le début de l'année, Nicolas Curien a succédé à Patrice Gélinet. Nommé en janvier 2015, il regarde ses missions avec une grande expérience, notamment en tant qu'ancien membre de l'ARCEP. Il a accepté de répondre aux questions de La Lettre Pro de la Radio sur les grands dossiers qui agitent les professionnels.


Nommé en 2015 au CSA, Nicolas Curien a siégé pendant 6 ans à l'ARCEP. / Crédit : Romuald Meigneux
Nommé en 2015 au CSA, Nicolas Curien a siégé pendant 6 ans à l'ARCEP. / Crédit : Romuald Meigneux

LLPR - En tant qu’ancien membre de l’ARCEP, avez-vous un regard plus technique sur les dossiers présentés devant le Conseil ?
NC -
Au CSA, chaque conseiller participe aux délibérations sur l’ensemble des dossiers, chacun apportant ses compétences particulières issues de sa formation et de son parcours professionnel. Mon regard d’ingénieur-économiste, ainsi que mon expérience de la régulation des télécoms s’insèrent parmi une nécessaire diversité d’approches. Je suis une pièce du puzzle et j’apprends énormément de mes collègues, porteurs quant à eux d’une forte expertise en matière juridique, d’économie des médias, ou de métiers de l’audiovisuel.

LLPR - La réglementation sur les quotas francophones est souvent critiquée par les radios. Dans un monde où internet n’a pas ces limites, n’est-ce pas anachronique ?
NC -
Cette question souligne de manière beaucoup plus générale l’existence d’un hiatus entre le monde de l’audiovisuel "historique", fortement réglementé, et celui de l’internet, plus libre. Une telle asymétrie de régimes n’est toutefois pas dénuée de fondement. Les radios et les télévisions, contrairement aux opérateurs télécoms, bénéficient en effet d’un accès gratuit au domaine public des fréquences. En contrepartie, il leur est imposé de contribuer à des objectifs de politique publique en matière de diversité culturelle et de financement de la création. Les quotas francophones des radios, dont les modalités font débat davantage que le principe, participent de ce dispositif d’ensemble.

LLPR - N’est-ce pas un casse-tête d’assurer la diversité dans une bande FM saturée et, certainement, en fin de vie au niveau technologique ?
NC -
La bande FM est en quelque sorte victime de son succès. L’offre radiophonique est particulièrement riche en France, d’où une saturation de la bande, d’où une difficulté croissante à identifier de nouvelles fréquences, surtout dans les zones les plus denses, d’où l’absence de perspective importante de futurs développements, notamment pour les radios multivilles  à vocation nationale. Même si elle est limitée, une certaine marge de manœuvre demeure néanmoins et le CSA s’attachera, dans les mois qui viennent, à donner davantage de visibilité au secteur sur la recherche de nouvelles fréquences ainsi que sur le calendrier des appels FM à venir.

LLPR - Le chemin est encore long avant une adoption de la RNT, à la différence d’autres pays. Que peut faire le CSA sur ces points ?
NC -
Le CSA peut et doit accélérer la cadence, faire en sorte qu’enfin la RNT décolle en France. À cet effet, sur ma proposition, le Collège du CSA vient d’adopter la stratégie dite des "nœuds" et des "arcs". S’agissant des nœuds, le calendrier des appels régionaux sera poursuivi, mais en se concentrant sur les centres d’agglomérations de plus de 200 000 habitants ; au rythme de deux appels par an portant chacun sur quatre à cinq grandes métropoles, ce processus pourrait être achevé en 2020 puis prolongé, en cas de succès, par une densification de la couverture. S’agissant des arcs, le plan consiste à ouvrir deux multiplex nationaux couvrant les grands axes routiers et autoroutiers, afin de permettre une écoute continue en mobilité. Le Conseil engage dès maintenant une consultation des acteurs sur l’opportunité ainsi que les modalités techniques et économiques d’une telle initiative.

LLPR - N’est-ce pas une absence de volonté politique pour la radio, sachant que la télévision est passée au tout numérique ?
NC -
La comparaison est trompeuse, car la logique de déploiement de la RNT est intrinsèquement très différente de celle de la TNT. Pour la TNT, la transmission numérique utilisant les mêmes fréquences UHF que la précédente transmission analogique et une partie de cette bande devant être cédée aux opérateurs télécoms, il n’y avait pas d’autre dispositif possible qu’une substitution du numérique à l’analogique. Pour la RNT, tel n’est pas le cas : la bande III, qu’elle utilise, est distincte de la bande FM et cette dernière n’a fort heureusement pas à être cédée ! On ne se situe donc pas dans une dynamique de substitution, mais de complémentarité.
"À la différence de la TNT, pour la RNT, on ne se situe pas dans une dynamique de substitution, mais de complémentarité."

Campagne électorale : les voyants sont au vert !

À quelques jours des élections, Nicolas Curien tire un premier bilan satisfaisant de la campagne sur les radios : "Le CSA est bien conscient du travail très important demandé aux médias audiovisuels, notamment aux radios, pour se conformer au principe d’équité, puis d’équité renforcée par tranches horaires depuis une semaine", souligne le membre du CSA. Si le contexte donne lieu parfois à des pressions des candidats, il souligne que "les décomptes hebdomadaires successifs des temps de parole et d’antenne, que le Collège examine en détail, montrent de façon très satisfaisante qu’un juste équilibre entre les candidats est généralement respecté, par les chaînes de radio comme par celles de télévision".  En tout optimisme, il estime que "les meilleurs efforts sont consentis pour corriger dans la durée les éventuelles anomalies détectées par le Conseil ".


François QUAIREL
Journaliste médias à La Lettre Pro de la Radio et responsable du magazine Le POD., premier guide du... En savoir plus sur cet auteur

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