Flashback en 2012 - Médiateur à Radio France

La Lettre Pro de la Radio n°27 du 2 novembre 2012

Rédigé par le Lundi 18 Aout 2014 à 09:00 | modifié le Mardi 19 Aout 2014 à [HEURE]



Trait d'union entre les professionnels de Radio France et leurs auditeurs, Jérôme Bouvier le médiateur de l'ensemble des stations de Radio France, fait également tampon entre le public et la Maison de la Radio. Pas toujours facile...


Jérôme Bouvier, médiateur à Radio France depuis le 16 novembre 2009

Une radio de qualité diront certains, c'est d'abord une radio qui écoute ses auditeurs. Une radio qui prend en compte leurs envies, leurs besoins et leurs doléances. Encore faut-il en avoir les moyens et surtout le temps pour traiter les demandes. Si, sur le plan local, ces doléances sont habituellement peu nombreuses, celles qui arrivent quotidiennement sur le bureau de Jérôme Bouvier se comptent par milliers : "je reçois, en moyenne, une dizaine de lettres par semaine mais surtout plusieurs centaines de courriels chaque jour" précise le médiateur de Radio France. Tout dépend de l'actualité, des sujets proposés à l'antenne, des "boulettes" des journalistes ou encore du style et du ton de tel ou tel animateur. Médiateur ?  "Ce sont surtout des journalistes qui occupent cette fonction" résume Jérôme Bouvier (qui a effectué toute sa carrière justement de journaliste à Radio Bleue, France Inter, France Culture et RFI) car "ils maîtrisent la matière éditoriale pour pouvoir, ensuite, en débattre". Des médiateurs placés en dehors de toutes voies hiérarchiques afin de fournir un travail sans concession. Il n'en demeure pas moins que la médiation n'est pas la tâche la plus facile au 116 de l'avenue du Président Kennedy.


Médiateur depuis 2002

Jérome Bouvier écoute donc les auditeurs de toutes les radios de Radio France et tente de faire entendre leur voix, leurs critiques, leurs idées, leurs points de vue auprès des animateurs, des journalistes, des producteurs pour, dit-il, "nourrir un dialogue de qualité entre l'attente du public et les professionnels". Pour tenir son rôle de médiateur "il faut distinguer la réaction spontanée d'énervement ou le lobbying militant de ceux qui portent une vraie critique sur la production éditoriale de nos radios" analyse Jérôme Bouvier. "Si c'est simplement pour dire "je déteste la voix du journaliste" cela ne fait pas avancer le débat".
Lorsqu'elle est justifiée, la réaction de l'auditeur sera transmise au professionnel. Ainsi, toutes les semaines sur France Info et régulièrement sur France Inter et France Culture, Jérôme Bouvier rencontre en direct les journalistes, les animateurs et les producteurs et partage avec eux les remontées du terrain. Tout en sachant qu'il faut aussi un certain tact : les professionnels du micro préfèrent largement les félicitations que les remarques et les critiques de leur public...

Ecouter et faire réagir l'auditeur

Dans le prolongement des réactions, le site espacepublic.radiofrance.fr permet de bénéficier d'échanges et aussi d'expérimenter de nouveaux liens avec les auditeurs : "il a fallu inventer un autre lien que ce lien systématiquement descendant vers l'auditeur. Le public devient acteur, coproducteur de l'information cela me paraît une évidence".
Le rôle du médiateur est donc désormais de mettre en débat l'actualité : "L'an passé, nous avons lancé une grande enquête intitulée "quel travail voulons-nous ?" Rebelote cette année avec un appel aux témoignages dans le cadre du cinquantenaire du traité de l'Elysée qui a déjà fait réagir plus de 25 000 auditeurs de Radio France.
Jérôme Bouvier répond-il aux auditeurs ? "Evidemment non, ce n'est mécaniquement pas possible de répondre à chacun des auditeurs, c'est pour cela que le site a été créé pour y publier des réponses collectives". Par contre, et en marge des études qualitatives et des études d'audience, "la parole des auditeurs est le premier matériau pour améliorer ses programmes" assure Jérôme Bouvier. C'est, en effet, ce que l'on appelle un fondamental...

Un exemple de médiation réussie

"L'accident de voiture de police à Nice, il y a quelques semaines. Parce que l'AFP a précisé que cette femme décédée était une prostituée et que cet aspect a été repris par les journalistes, beaucoup d'auditeurs ont été choqués. Est-ce que si elle avait été femme de ménage, les journalistes l'auraient forcément indiqué ? Pourquoi donc préciser la profession d'un acteur de ce fait-divers lorsque cela n'éclaire pas la scène ? Le but n'est donc pas de donner des bons ou des mauvais points mais d'interpeller et d'alerter pour que la prochaine fois on ne fonce pas tête baissée dans ce genre de facilité. Dans ce cas, l'auditeur est là, en veille"


Paroles d'auditeurs...

"Depuis la rentrée, le site de France Info s'est vraiment dégradé au niveau de la qualité de l'orthographe"
"Consacrer 10 minutes à quelque chose qui n'en vaut pas la peine, de la parole même des journalistes qui en débattaient, c'est participer à cet emballement qui n'apporte rien à personne"
"Pourriez-vous agir pour faire cesser ces insupportables micro-coupures dénaturant les oeuvres que vous proposez sur France-Musique. Merci pour mes oreilles et mon cerveau"
"Je déplore que l'application Iphone ne soit pas stable"
"Je suis un futur "ex auditeur fidèle" de France Musique ; je ne supporte plus les interminables "communiqués" qui s'intercalent entre 2 émissions"


Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé… En savoir plus sur cet auteur
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