Sciences Po et le partage d'expériences

Rédigé par le Lundi 17 Novembre 2014 à 07:20 | modifié le Lundi 17 Novembre 2014 à [HEURE]


L'Ecole de Journalisme de Sciences Po et le Huffington Post organisaient ce samedi, une master class avec quatre personnalités aux parcours singuliers. Fleur Pellerin (ministre de la Culture et de la Communication), Anne Sinclair (journaliste), Eric Dupond-Moretti (avocat pénaliste) et Jacques-Antoine Granjon (PDG et fondateur de vente-privee.com). On y a parlé de la réussite, des réseaux, de la place des femmes ou encore, et forcément, de journalisme.



Une ministre, un avocat, un chef d’entreprise une journaliste… Quatre personnalités ont partagé, dans la célèbre école de la rue Saint-Guillaume, leur itinéraire professionnel et donc, disons-le,  leur réussite. "Ce ne sont pas des exemples de réussite" a souligné Anne Sinclair. "C’est un chemin que l’on a envie de partager". Libre donc aux autres de s’en inspirer s’ils veulent réussir…

Une master class certes un peu décousue autour du thème attrayant de la réussite mais néanmoins intéressante grâce à un partage d'expériences personnelles et de points de vue.

"Le journalisme, c’est choisir et hiérarchiser"

Le journalisme se résume-t-il aux scoops pour générer de l’audience ? "Le journalisme pour moi, c’est accessoirement le scoop. Le journalisme, c’est choisir et hiérarchiser. C’est assumer ce choix et cette hiérarchie. Il ne faut pas que cela soit la recherche systématique de la petite phrase. Ce n’est pas forcément ma conception. Je n’aime pas ce coté "on va vous déterrer le scoop que vous ignorez !". Le journalisme doit être responsable et citoyen. Au Huffington Post, nous avons peu de scoops. Nous sommes une petite équipe. En revanche, nous nous creusons la tête pour savoir ce qui est important et ce qui n’est le pas. Pour apporter un complément. Je regrette que le journalisme soit seulement considéré comme une recherche du scoop. La cause ? C’est l’effet de la peopolisation : sortir une info afin qu’elle soit reprise par tous".

"Journaliste n’est pas flic"

Evoquant Edwy Plenel et Mediapart, Eric Dupont-Moretti (qui "déteste ces méthodes") a par ailleurs indiqué que "journaliste n’est pas flic". Anne Sinclair enfonçant le clou en précisant qu’il faut distinguer "le journalisme d’investigation et celui qui consiste à déterrer des petits histoires sans en assumer ensuite la responsabilité". Et pour Jacques-Antoine Granjon ? "Ce qui est important, c’est le fond des articles. Twitter c’est seulement important pour entrer dans l’article".
On retiendra également cette question d’un jeune étudiant venu d’Angers s’appuyant sur la couverture de l'actualité liée à l’Etat Islamique : "le journalisme peut-il tomber dans la communication ?" Réponse de la dirigeante du Huffington Post : "à chaque fois que l’on donne une information, il faut se demander quelles conséquences cela peut avoir. La responsabilité est quelques chose dont on ne peut pas s’exonérer".
 

Terminons avec le relatif coup de gueule  Jacques-Antoine Granjon : "la presse n’est pas en crise. Le digital l’a fait évoluer. La presse, ce sont des journalistes. Les bons,  comme les mauvais journalistes, il faut les payer. Se prendre en mains, c’est aussi payer les journalistes. La gratuité de tout ce n’est pas un modèle économique. La presse ira bien quand les lecteurs accepteront de payer les articles là où ils les lisent". S'adressant à des jeunes étudiants issus d'une génération qui estime que tout doit être gratuit sur le web, le conseil de Granjon a semblé être compris par la jeune assistance qui demain écrira probablement des articles afin de percevoir un salaire...

La vidéo du débat, modéré par Guillaume Erner journaliste à France Inter, est à retrouver (ICI) sur le site de Sciences Po.

Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé… En savoir plus sur cet auteur
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