RNT : service minimum du CSA

Rédigé par Mathieu Quétel le Mardi 26 Janvier 2016 à 07:40 | modifié le Jeudi 28 Janvier 2016 à [HEURE]


Le président du CSA présentait les voeux de son institution jeudi 21 avril. Il n’a pas manqué de citer la radio numérique terrestre mais son manque d’enthousiasme est palpable à la lecture de son discours.


Olivier Shrameck précise dans son discours que « le CSA remplit sa mission légale pour que les acteurs fassent leur choix en pleine conscience des enjeux financiers, technologiques et humains qui se présentent à eux ».
Le moins que l’on puisse dire est que le président du CSA livre ici un service minimum et que son engagement pour la RNT manque de souffle. Cette « mission légale » est déclarée remplie et on peut lire entre les lignes que l’échec éventuel de la RNT ne pourra donc être opposé au CSA.
« La route de la RNT est désormais pavée ; aux radios existantes ou à d’autres de manifester s’ils veulent l’emprunter » conclue le président de l’autorité de régulation qui nous a offert des envolées plus lyriques sur des sujets aux enjeux bien moins importants.
Ces voeux sont finalement raccords avec la timidité du calendrier prévisionnel des appels aux candidatures pour le lancement de la RNT publié le 10 décembre 2015 par le CSA et qui prévoit un déploiement sur presque dix ans, une éternité à l’échelle du numérique.

Il est urgent d’optimiser la bande FM

Dans ce contexte, on imagine bien que les éditeurs historiques, toujours intéressés par la RNT, ont tout intérêt à revendiquer en priorité un renforcement de leur présence sur la FM analogique, qui reste leur coeur de business.
Paradoxalement, le CSA se garde bien d’évoquer le plan FM++ un temps envisagé et pour lequel il avait même organisé des réunions de travail avec les opérateurs afin d’identifier des fréquences disponibles. Or celles-ci existent bien. Il est urgent de travailler sérieusement à une optimisation de la bande FM par une véritable expérimentation du haut de la bande ainsi que par une exigence auprès du service public de mieux optimiser son parc de fréquences qui ne correspond plus aux réalités d’aujourd’hui.
Or, le régulateur semble se désintéresser de la bande FM et des opérateurs qui restent considérablement en retard dans leur développement. Il a tort, car pour affronter sereinement les enjeux du numérique, les éditeurs doivent en priorité se consolider sur la FM et atteindre la taille critique indispensable pour envisager leur avenir sans être contraints de céder à la consolidation.

Appréhender le numérique avec prudence

Olivier Schrameck a fait le choix, dans ses voeux, d’appréhender la RNT avec prudence et de faire désormais reposer son avenir sur les seuls opérateurs. On ne peut qu’inciter ces derniers à envisager le numérique, dans son spectre le plus large, avec la plus grande prudence. Il est peu probable que des nouveaux entrants ou des PME de l’audiovisuel assument seuls le lancement d’un nouveau paysage sans réel accompagnement de leur autorité de régulation et du gouvernement. S’il n’est pas encore trop tard pour engager le cercle vertueux de la réussite de la RNT, on approche dangereusement de la limite.

Mathieu Quétel, président de Sountsou - Affaires Publiques

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