Quotas : vers la dilution des artistes francophones ?

Rédigé par le Mercredi 6 Février 2019 à 10:00 | modifié le Mercredi 6 Février 2019 à [HEURE]


L’auditeur entendrait désormais moins de titres francophones à la radio. C'est le constat effectué par le Syndicat des Radios Indépendantes. Des radios qui regrettent les conséquences négatives du plafonnement des rotations des titres francophones (le "malus") imposé par la modification de la législation sur les quotas en 2016 et souhaitent mettre en avant la dilution de la visibilité des artistes qu’elle entraîne.


"Le bilan 2018 réalisé (pour le SNEP) par Yacast est sans appel, il permet de dresser après la première année complète d’application un bilan de la réforme des quotas opérée en 2016. En effet, en 2018, s’il y a eu autant d’artistes francophones dans le top 100 qu’en 2015, on en observe 3 fois moins dans le top 10 et 2 fois moins dans le top 20. Nous assistons donc à une dilution des diffusions francophones" observe le SIRTI. Rappelons que la durée moyenne d’écoute des radios musicales est d’environ 1h30 par jour, cela ne correspond qu’à une vingtaine de chansons : "Pour que les auditeurs puissent entendre des nouveaux titres et des artistes, il faut donc les rediffuser à de nombreuses reprises au long de la journée".

"Avec une réduction par deux du nombre de titres francophones classés dans le Top 20 des plus fortes diffusions, les auditeurs entendent mécaniquement deux fois moins d’artistes français. Le plafonnement des rotations francophones se révèle donc objectivement contre-productif pour les artistes car totalement inadapté à la réalité de la programmation artistique des radios. Un comble…" fait remarquer le SIRTI. Le syndicat ajoute habilement que "la création de la loi sur les quotas a permis à la France de voir émerger de nombreux talents. Cette loi date pourtant d’avant l’invention du mp3. Depuis la consommation de la musique a changé, impactant toute la chaîne de valeur y compris les artistes".

 


Pour des mesures "vraiment efficaces"

Les radios indépendantes estiment que d’autres solutions peuvent répondre véritablement aux objectifs de diversité et de promotion de la création culturelle française. En ce sens, le SIRTI propose 3 dispositions concrètes pour soutenir la carrière des artistes francophones et des jeunes talents. D'abord, "l’inscription dans la loi d’une proportion minimale de diffusion de titres francophones au sein des offres des plateformes de musique en ligne.  La création d’un quota et de règles de diffusion de chansons d’expression francophone pour chaque antenne du service radiophonique public sur la part de leurs programmes musicaux chantés".
Ensuite, "le rééquilibrage du dispositif des quotas francophones applicable aux radios privées.De plus, les radios indépendantes regrettent que les artistes français qui expriment leur talent en anglais n’entrent pas dans le décompte des quotas".
Enfin, "les artistes français doivent réussir en France avant de s’exporter, les radios indépendantes sont prêtes à soutenir encore plus fortement cette ambition. Pour renforcer l’export d’artistes français, le SIRTI souhaite engager une concertation avec la filière musicale visant un accord professionnel autour d’un quota de diffusion de titres d’artistes français chantant en langue étrangère".

Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé… En savoir plus sur cet auteur
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