Lundi 27 Octobre 2025 05:35

Les radios associatives face à la roulette budgétaire du PLF 2026




Le projet de loi de finances 2026 prévoit une coupe de – 44% du FSER, menaçant 770 radios associatives en France. Après avoir rencontré la ministre de la Culture, la CNRA et le SNRL appellent les parlementaires à rétablir les 18 millions d’euros nécessaires pour maintenir le niveau de 2024 et garantir la continuité du pluralisme radiophonique.



Les représentants du secteur, réunis sous la bannière Les Locales (CNRA et SNRL), dénoncent une politique budgétaire "hasardeuse" où le Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER) devient une variable d’ajustement. "Derrière l’effet d’annonce, le pluralisme médiatique se retrouve sur la table des négociations, en position de faiblesse", déplorent-ils. Le cabinet de la ministre de la Culture a indiqué ne pas s’opposer aux amendements parlementaires visant à rétablir le FSER. Une ouverture saluée par les acteurs du secteur, mais sans engagement ferme. Aucune garantie budgétaire, ni écrit officiel, n’a été communiqué à ce jour.
Les Locales appellent les parlementaires à voter un amendement de 18 millions d’euros supplémentaires pour ramener le FSER à son niveau de 2024, soit 38 millions d’euros, incluant le bonus ruralité instauré dans le Plan Culture et Ruralité. 

Cette somme représente un seuil vital pour les radios locales, qui assurent des missions d’intérêt général : diffusion de la culture, lien social, lutte contre la désinformation et maintien de la cohésion territoriale.

770 radios et 3 000 emplois concernés

En France, plus de 770 services radiophoniques associatifs émettent sur tout le territoire, en zones rurales, urbaines, périurbaines et ultramarines. Ensemble, ils génèrent environ 3 000 emplois directs et mobilisent plusieurs milliers de bénévoles.
Leur modèle non lucratif repose sur le FSER, principal levier financier du secteur, garantissant un équilibre entre missions sociales, culturelles et citoyennes. Les radios associatives craignent désormais une mise en concurrence inédite entre structures rurales, urbaines et ultramarines selon leur implantation ou leurs moyens. Une logique jugée "injustifiée et contraire à l’esprit du FSER", qui depuis plus de quarante ans garantit l’égalité d’accès à l’expression médiatique sur tout le territoire. La baisse envisagée de – 44% priverait certaines zones de toute voix locale, notamment à l’heure où le coût de la diffusion FM et DAB+ continue de croître. Les radios les plus fragiles ne pourraient tout simplement plus suivre, accentuant les fractures entre territoires.

Un impact direct sur la diffusion en DAB+

Les radios associatives rappellent que, sans geste politique, les projets de diffusion en DAB+ seraient gelés faute de moyens pour absorber les coûts techniques. Les stations les plus exposées devraient réduire leurs activités locales, voire suspendre des programmes originaux. Pour les représentants du secteur, une telle situation compromettrait la présence d’une parole libre, citoyenne et indépendante au moment même où le pays s’apprête à entrer dans la séquence des élections municipales 2026.
"La sauvegarde du FSER n’est pas qu’un enjeu sectoriel : c’est un impératif démocratique", rappellent Les Locales. Le SNRL et la CNRA estiment que le Gouvernement ne peut "se réfugier dans le silence". Il lui revient désormais d’assurer, par un engagement clair et assumé, la continuité du pluralisme radiophonique. "Les radios associatives ne se tairont pas : déterminées et unies, elles continueront à faire entendre leur voix".


Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé… En savoir plus sur cet auteur

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