Les dix secrets d’un bon morning

Rédigé par le Mardi 6 Septembre 2016 à 07:19 | modifié le Mardi 6 Septembre 2016 à [HEURE]


Le matin reste une tranche plus que stratégique pour les radios. Les directeurs de programmes concentrent souvent de gros efforts et déploient d'importants moyens pour se faire une place de choix dans le match de l’audience. Mais attention, "ne misez pas nécessairement tout sur votre morning, mais misez tout de même beaucoup sur votre morning", conseille Nik Goodman, un consultant britannique. Voici quelques recettes incontournables à adapter, selon votre format et votre ligne éditoriale.


Nik Goodman, le gourou des mornings

#01 Animateurs : de fortes personnalités

Il est essentiel de recruter des animateurs à forte personnalité, voire à forte notoriété. La plupart des radios musicales nationales ne prennent que très peu de risques en embauchant des animateurs reconnus : Bruno Guillon, Manu Levy, Camille Combal et, avant eux, Bruno Roblès, Arthur, Cauet, tiennent la plupart des mornings depuis de nombreuses années.
Dans une radio locale, repérez des animateurs ayant déjà une expérience de matinale. C’est un exercice difficile : se lever tôt et tenir le rythme pendant toute une saison n’est pas donné à tout le monde. Un duo homme/femme est une bonne formule lorsque vos moyens sont limités, mais faites en sorte que l’entente soit bonne : ce sera un gage de réussite.

#02 Le bon horaire

6h/9h, 5h30/9h30, 6h/10h ? Il y a plusieurs formules possibles. La mode a été, ces dernières saisons, à des mornings à rallonge : de plus en plus tôt à plus en plus tard, il semble que l’on revienne à un horaire plus classique de 6h à 9h. Ce qui est le plus naturel. Ne négligez pas la fatigue des animateurs : 3 heures d’émissions en direct, c’est déjà suffisant et mieux vaut faire plus court mais plus efficace. Finir vers 9h15 semble être l’horaire idéal afin d’accompagner l’auditeur jusqu’à son travail.

#03 Face aux réseaux, soyez local

Les matinales des radios nationales déploient de gros moyens pour gagner le match de l’audience. Elles mobilisent une équipe d’une dizaine de personnes : animateurs, techniciens, journalistes, rédacteurs, standardistes… Sans compter des dotations de jeux très fortes : l’auditeur se voit parfois promettre un an de loyer ou de salaire ! En radio locale, où les moyens sont plus limités, misez sur le contenu local : soyez imbattables en info locale, trafic, météo et bons plans locaux. C’est votre seule arme face au rouleau compresseur des réseaux nationaux.

#04 : Une bonne préparation est indispensable

Si la règle de base en radio est la préparation, un morning doit être millimétré. L’horloge tourne très vite le matin et laisse peu de temps à l’amateurisme. Préparez vos chroniques "froides", comme l’horoscope, les bons plans, les jeux, au minimum la veille afin de consacrer du temps à la mise à jour des contenus plus chauds, comme la météo ou l’info trafic. L’animateur est le chef d’orchestre et doit veiller impérativement au respect des horaires. La radio est souvent l’horloge matinale de l’auditeur pressé.

#05 Définissez précisément la cible

À qui s’adresse votre morning ? Aux familles, aux plus jeunes, aux seniors… Vous devrez adapter votre ton à votre cible. Surveillez votre langage, évitez les blagues de mauvais goût : l’auditeur du matin est souvent dans sa voiture avec ses enfants et apprécie assez peu les dérapages. 

#06 Être dans la vie réelle

Les animateurs des mornings à succès en France vous le disent : l’auditeur doit se reconnaître dans les personnalités présentes à l’antenne. Par exemple, le consultant Nik Goodman raconte l’histoire de "cette animatrice qui a annoncé à l’antenne qu’elle allait divorcer. Ils en ont fait un événement, car quelques années plus tôt, ils avaient fait la même chose pour son mariage". Donc, la franchise est une part importante d’un morning réussi. L’animateur doit être franc avec ses auditeurs. 

#07 Un prémorning : pourquoi pas ?

Si le morning démarre à 6h, beaucoup d’auditeurs branchent leur réveil beaucoup plus tôt. Les courbes d’audience montrent souvent un frémissement vers 5h-5h30. Une tranche de prémorning peut avoir un rôle de "voiture balai" pour accompagner l’auditeur jusqu’au début du 6/9. Le rythme sera plus doux. En local, le voice track peut parfaitement s’adapter à cette tranche très matinale. 

#08 Du contenu fort

La créativité et le contenu original sont le sel d’un bon morning. L’auditeur doit être surpris et intéressé. À l’heure des réseaux sociaux, l’information circulant très vite, faites en sorte de dénicher des informations différentes et percutantes.

#09 L’écoute de piges : un débriefing incontournable

Les équipes des mornings nationaux débriefent chaque jour après leur émission. Un temps indispensable où l’on se réécoute. Ne négligez pas ce temps et faites-en un cérémonial régulier pour progresser.

#10 Laissez du temps à l’émission

Dans son livre Puissance Radio, la consultante Valerie Geller en fait l’une de ses recommandations premières : "Acquérir un auditoire est tout un processus. Il est tentant d’y couper court si les résultats ne sont pas immédiats. Néanmoins, un peu de patience et de constance contribue pour beaucoup au succès". Dont acte.

Journaliste médias à La Lettre Pro de la Radio et responsable du magazine Le POD., premier guide… En savoir plus sur cet auteur
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