Les Indés: le succès des mal aimées?

Rédigé par le Mercredi 16 Juillet 2014 à 14:00 | modifié le Mercredi 16 Juillet 2014 à [HEURE]


Pour le président Valli, en affichant leur record d’audience dans une vague de sondage plutôt molle, les Indés Radios remportent une magnifique victoire politique. Car pour lui, ce record s’opère dans un contexte d’adversité, dans un paysage radio mal administré par une instance de régulation trop peu sensible aux enjeux régionaux.


Jean-Eric Valli: le succès des Indés Radios doit être pris au sérieux par les pouvoirs publics et particulièrement le CSA.
«Cette victoire est magnifique: nous gagnons plus de 300.000 auditeurs dans un paysage radio qui en perd 500.000 ! » Jean-Eric Valli peut se réjouir. Jamais, en France, les radios indépendantes n’avaient recueilli autant d’audience.

«Notre professionnalisme va croissant, la dynamique de nos programmes locaux, régionaux et thématiques est puissante, et nos revenus publicitaires (avec plus de 160 millions d’euros de CA) font de nous un des poids lourds du paysage radiophonique français. Nous avons des ambitions, et les moyens de les réaliser. Mais... nous ne sommes pas pour autant bien considérés par les Pouvoirs Publics et particulièrement le CSA !»

Le président du groupement, qui fédère 128 stations indépendantes en France, est paradoxalement agacé, en ce jour particulièrement faste pour ses membres. «Si l’on y regarde bien, cette victoire est la victoire du réel contre le virtuel. C’est la victoire du monde réel exposé sur nos antennes contre le monde irréel décrit par les politiques qui s’expriment complaisamment chez certains de nos confrères. Les auditeurs ne sont plus dupes. Nous donnons des repères: les auditeurs ont choisi en masse de revenir à la proximité, tellement plus factuelle, tellement moins langue de bois. Dans nos radios, c’est moins d’académisme, plus de spontanéité, plus d’impertinence. Mais paradoxalement, alors que nous nous développons, alors que nous nous professionnalisons, alors que nous recrutons de plus en plus d’audience, les pouvoirs publics ne nous apprécient pas tant que ça ».

La radio est-elle mal administrée?

Le cheval de bataille du président des Indés Radios (ici, à la convention nationale, en juin dernier): il faut peser dans le paysage pour résister aux attaques des groupes nationaux.
Et le Président Valli de lancer un pavé dans la mare. Pour lui, ce succès n’est pas accompagné par les pouvoirs publics. Au contraire: il s’opère même dans un climat d’adversité rampante.

«Finalement, le monde des indépendants est embêtant: nous ne sommes pas dans la ligne. Nous sommes multiples, nous osons faire les choses autrement, et surtout, notre voix porte. Nous prouvons que radio locale n’est plus synonyme de bricolage. 

Et pourtant. Regardez les Comités Techniques Audiovisuels (CTA) qui administrent la radio en région. Nous sommes actuellement occupés à rendre nos rapports d’activité annuels: aucun CTA ne demande les mêmes données. Chacun fait un peu comme il veut. Les CTA sont animés par des bénévoles, un magistrat à temps partiel, un secrétaire permanent et son assistante.

Le CSA lui-même est éloigné de notre réalité: dans le rapport semestriel publié sur son site internet il indique que des chiffres publicitaires de la radio en progression. Mais il indique des chiffres d’affaires en brut, c’est à dire avant remises clients : nous sommes en réalité obligés de diffuser plus de messages pour un chiffre d’affaires radiophonique en baisse. Plus de message pour moins d’argent, cela remet en question l’audience de la radio et son modèle économique !
Il y a un décalage entre nos radios, qui sont des entreprises et qui doivent se développer pour survivre, et un organe de régulation qui semble ne pas en maîtriser les données. Nous sommes dans un monde d’approximations, là où nos radios sont obligées de développer leur professionnalisme face à une compétition acharnée et mondiale

«Donnez-nous des fréquences!»

Pour Jean-Eric Valli, le dossier de la RNT est la cerise sur ce gâteau gonflé à l’hélium.

« En France, constitutionnellement, la communication est libre. Alors... donnez nous des fréquences en FM … et en RNT ! La Radio Numérique Terrestre a été lancée, validée, inscrite dans la loi. Et seules trois villes sont ouvertes à la diffusion? Les grands groupes ne veulent pas y aller (alors que partout ailleurs en Europe, ils y sont), et le CSA leur donne raison en bloquant l’ouverture des fréquences? Est-ce acceptable dans une démocratie ? »

On l’a compris, ce sondage record offre aux Indés Radios une tribune de choix pour faire entendre leur voix. 

Grâce à lui, les Indés comptent encore plus: elle veulent aussi désormais peser plus.

Spécialiste des notions de proximité, Jean-Charles est journaliste, consultant et formateur chez… En savoir plus sur cet auteur
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