Le MAG 83 - Jean-Michel Aphatie : la politique dans le sang

Rédigé par le Mercredi 9 Novembre 2016 à 08:40 | modifié le Mardi 8 Novembre 2016 à [HEURE]


Il s’est imposé comme l’une des grandes voix de la radio. Jean-Michel Aphatie cuisine la classe politique française depuis deux décennies. En septembre, il a rejoint le nouveau bateau France Info où il signe la grande interview politique du matin en simultané sur la radio et la télévision ainsi que des chroniques sur la radio d’info. Un exercice qu’il aime particulièrement et qui lui permet d’avoir un regard sur la classe politique, dont il dépeint le non-renouvellement et les turpitudes dans un nouveau livre paru cet automne.


Jean-Michel Aphatie aux côtés de l'équipe de 8h30 Aphatie sur franceinfo. © Christophe Abramowitz (Radio France)
"J’étais attiré par la politique sans vouloir en faire." Jean-Michel Aphatie a donc simplement trouvé sa voie : raconter la politique, l’analyser, la décortiquer. Une voix connue de tous qui fait partie de notre paysage médiatique depuis près de deux décennies. Son accent 100% "made in Pays basque" est sa marque de fabrique.
"Vous m’en parlez mais je ne l’entends pas, moi. J’espère qu’il n’y a pas que l’accent qui fait que l'on remarque le travail de quelqu’un !" confie-t-il. Balayé ce ton chantant, c’est le journaliste politique pur et dur qui pointe son nez. La radio, il est tombé dedans un peu par hasard : engagé en presse écrite à Paris en 1987, après des études à l’École de journalisme de Bordeaux. 

Longévité record à RTL

C’est grâce à sa crédibilité, son regard et son ton affûtés qu’il est repéré, en 1999, par Jean-Luc Hees qui le nomme chef du service politique de France Inter, rien que ça. Un directeur de la station généraliste publique qui ne lui demande pas de gommer son accent : "Non, ça ne m’a jamais posé de problème. Personne n’a jamais demandé !" explique-t-il. Toujours étonnant quand on connaît le goût des patrons de médias pour l’accent standardisé. C’est donc sur ce média direct et intime qu’est la radio qu’il cuisine les politiques. Passé par RTL, il fera les beaux jours de la station pendant 12 ans – longévité record à ce poste – en animant l’une des interviews politiques les plus courues du sérail parisien.

Il fait un passage éclair à Europe 1 en 2015, qu’il rejoint, en guise de nouveau challenge après avoir refusé de bouger sur une tranche sur RTL. La station de la rue François-Ier lui propose d’animer l'émission du midi, une première pour Jean-Michel Aphatie plutôt expérimenté sur l'interview en direct. Il n’y restera qu’une saison : "J'aurais aimé poursuivre une seconde, mais la direction a fait d’autres choix." 

Interview à quatre sur franceinfo

La présidentielle 2017 se profilant, tout journaliste politique qui se respecte doit être aux premières loges de cette élection emblématique de la Ve République… Laurent Guimier, patron de la radio franceinfo, avec qui il entretient de bonnes relations, lui propose d’animer le grand carrefour politique de la nouvelle offre d’information du service public. Début septembre naît donc 8h30 Aphatie, l’interview politique diffusée sur la radio et la télévision. Pourtant bien loin du star-system, malgré plusieurs saisons au très exposé Grand Journal de Canal +, ce rendez-vous porte effectivement le nom du journaliste, preuve de la renommée de l’intervieweur. Pour la première fois, il a donc fallu qu’il partage – volontiers – le gâteau avec trois autres comparses : Fabienne Sintès, présentatrice du 7/9 de franceinfo radio et deux chroniqueurs, Guy Birembaum et Gilles Bornstein. "Sur franceinfo, ce qui change, c’est une interview longue de 24 minutes avec quatre intervieweurs, il faut donner un peu de place pour les autres et mettre de la convivialité, car quatre contre un, c’est un peu dur. C’est amusant comme exercice." Jean-Michel est décidément très joueur !"Il faut donner un peu de place pour les autres et mettre de la convivialité. (…) C’est amusant comme exercice."

En librairie

Voilà l'un des nombreux ouvrages publiés à l’aube de la présidentielle 2017, mais celui-ci ne va pas rassurer l’électeur. Jean-Michel Aphatie dépeint une nouvelle fois une classe politique qu’il connaît très bien. François Hollande, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, il n’hésite pas à dénoncer le non-renouvellement et les mensonges de cette classe politique. Aucun d’entre eux ne trouve réellement grâce à ses yeux, même pas les ancêtres François Mitterrand, qui a été le plus grand menteur de la Ve République, tout comme Jacques Chirac dont les promesses non tenues ont été "plus délirantes que délirantes". Nicolas Sarkozy avait promis la rupture en 2007, "quand on fait le compte en 2012, de la rupture il n’y en a pas eu beaucoup". Tout comme François Hollande qui "n’appliquera jamais cette promesse outrancière de combat contre la finance".

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Journaliste médias à La Lettre Pro de la Radio et responsable du magazine Le POD., premier guide… En savoir plus sur cet auteur
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