"La RNT, c'est maintenant"

Tribune

Rédigé par Valère Correard le Jeudi 29 Janvier 2015 à 09:00 | modifié le Mardi 20 Décembre 2016 à [HEURE]


Cette tribune signée par Valère Correard s'intitule "La RNT, c'est maintenant" et s'inscrit dans la suite de celle déjà rédigée en novembre dernier sur le thème "La RNT : une enjeu d'intérêt national !". Valère Correard est le directeur général média du Groupe SOS (1ère entreprise sociale de France) qui développe notamment le réseau RAJE.


Le doute est levé, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel vient de clore une décennie de débats sur l’avenir de la radio ce mercredi 21 janvier 2015 en remettant au Parlement et au Gouvernement son rapport sur "L’évolution des modes de diffusion de la radio : quel rôle pour la radio numérique terrestre ?"  Ce document s’inscrit dans la continuité d’un débat qui agite les acteurs de la radio, en particulier depuis le 20 juin dernier, date de mise en œuvre des premières autorisations de diffuser en RNT sur les villes de Marseille, Nice et Paris.
Dans ce rapport, le Conseil précise notamment que "la radio numérique terrestre constitue un facteur d’enrichissement de l’offre radiophonique, qu’elle peut se développer sous certaines conditions sans fragiliser l’équilibre économique des acteurs et en offrant des possibilités de développement, qu’elle a dès lors sa place dans les différents modes d’accès à la radio, et que ces modes sont complémentaires et non exclusifs les uns des autres". L’hypothèse d’un déploiement de la RNT dès 2015 dans plusieurs grandes villes de France y est acté. 

"La numérisation de la radio"

Deux critères de fond sont retenus par le CSA pour déterminer les zones concernées en priorité en 2015 : les zones où des expérimentations sont en cours, les principales agglomérations frontalières où l’offre de radio est limitée, Certaines villes sont citées explicitement : Lyon, Nantes, Strasbourg, Lille.. Le CSA précise en outre que "le rythme des appels à candidature ainsi que les obligations de couverture des autorisations seront notamment fixées au regard d’un objectif définir sur le calendrier de franchissement du seuil des 20% de couverture de la population à partir duquel des obligations de réception de la RNT s’imposent aux terminaux neufs de réception de la radio".  Une démarche structurelle qui démontre si cela s’avérait encore nécessaire que la numérisation de la radio par le biais de la RNT est engagée avec détermination puisque les industriels vont être mis à contribution.

"Le CSA a ici marqué son indépendance"

Alors que tous les "grands" groupes (BFM, Lagardère, NRJ, RTL) s’opposent depuis des années à cette évolution, et que le Gouvernement n’ a pas souhaité que Radio France "montre l’exemple", le CSA a ici marqué son indépendance en privilégiant l’intérêt général sur les intérêts particuliers.  Il faut souligner ici la cohérence de cette autorité administrative indépendante qui a pris une position claire face à des groupes de radio hostiles et des gouvernements immobiles.

"Gratuite, anonyme, enrichie"

Ce débat ne concerne pas que les radios, il est au contraire un débat de société avec au premier plan les auditeurs. Il est impossible d’écouter la RNT sur Internet en étant mobile, dans le respect de l’anonymat et gratuitement. Il est impossible de faire évoluer la FM en lien avec les nouvelles attentes qu’il s’agisse d’interactivité, de services additionnels ou de diversification de l’offre. Pendant ce temps les vagues de sondage successives sont implacables : l’audience de la radio s’érode lentement. La radio est peut être d’ailleurs en train d’entrer en crise et il est probable que la RNT puisse éviter le pire voire garantir le meilleur.

La RNT peut inverser la tendance en s’adaptant aux attentes et usages des auditeurs : gratuite, anonyme, enrichie par de nouvelles possibilités de services, offrant plus de diversité et une meilleure qualité d’écoute.

"Un média qui doit veiller à garder ses atouts"

C’est l’histoire de la radio qui se joue maintenant, le combat des "petits éditeurs" face aux "grands" s’est achevé au profit des premiers, il est temps de se tourner vers l’avenir, la RNT c’est l’affaire de tous. L’affaire du Gouvernement Français et de sa Ministre de la Culture, Madame Fleur Pellerin, qui doit désormais prendre position. Anciens opposants, défenseurs de la première heure, l’enjeu nous dépasse, celui d’un média populaire qui mérite mieux qu’une vision à court terme, un média qui doit veiller à garder ses atouts dans un monde qui change, gratuit, anonyme, pour tous, partout, la RNT c’est maintenant !

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