Eric Vial (SNFORT) : "des travailleurs sont oubliés"

Rédigé par le Mardi 2 Juin 2015 à 07:40 | modifié le Mardi 2 Juin 2015 à [HEURE]


Jusqu'à ce soir, le SNFORT (Syndicat National Force Ouvrière des Radios & Télévisions) tient son congrès en Avignon. L'organisation syndicale veut s'imposer comme l'un des principaux syndicats du secteur. Récemment à Fun Radio et à RTL2, le SNFORT a obtenu la confiance de 80 % des salariés. Entretien avec Eric Vial, Secrétaire adjoint au SNFORT.


Éric Vial, secrétaire général adjoint du SNFORT. Il promet une campagne de syndicalisation dans les radios
LLP - Vu de l’intérieur, peu de salariés des radios Associatives ou des locales privées sont syndiqués. Comment l’expliquez-vous ?
EV -
En grande partie par la crainte. Les salariés des radios associatives et privées sont bien souvent isolés. Ils travaillent dans des petites communautés de travail. Souvent, lorsqu'ils nous sollicitent, ils nous demandent "la plus grande discrétion". Ils ont une perception très négative du dialogue social avec leur employeur.


Ils ne connaissent pas leur convention collective, ni leurs possibilités d'évolutions de carrière.
La précarité des contrats dans un grand nombre de cas explique ce malaise.
Pourtant, je peux vous assurer que de nombreux patrons de radios sont très respectueux du dialogue social. De toute façon, sans dialogue, rien ne peut se réaliser...

LLP - Selon vous, quels sont les problématiques salariales auxquelles sont confrontés les professionnels en radio locale ?
EV -
Parler de salaire est toujours très difficile dans notre pays. Mais les employeurs doivent comprendre que la reconnaissance du travail passe aussi par l'argent. Bien souvent, nous constatons que des travailleurs sont "oubliés" dans leurs valorisations salariales, forcément cela provoque au fur et à mesure des tensions. La cherté de la vie et la baisse du pouvoir du pouvoir d'achat touche également les salariés de notre secteur. De toute façon, un animateur, un journaliste, un cadre, un personnel administratif qui est mal payé travaillera toujours moins bien qu'un salarié qui se sent bien payé, c'est une évidence.

Des accords concernant l'évolution salariale existent : il faut les respecter. Après, nous avons conscience des difficultés rencontrées par de nombreuses radios. La baisse des recettes publicitaires dans un marché encore en crise, les réduction des dotations ou des subventions, des charges en constante augmentation rendent certains budgets assez tendus. Pour s'en sortir, la recette est connue : les radios doivent se professionnaliser encore davantage. Plus les programmes sont bons et de qualités, plus l'information est présente, plus le dialogue social est constructif et mieux l'entreprise se porte et peu évoluer.

LLP - Des cadences de travail souvent élevées, des CDD d'usage ou parfois précaires, peu d’avantages, des salaires a minima… Le monde de la radio peut-il encore faire rêver ?
EV -
C'est la grande question. Vous décrivez parfaitement la situation actuelle dans de nombreuses radios de métropoles et d'outre-mer. Mais il ne faut pas généraliser : dans de nombreuses radios, les situations sociales sont apaisées. La radio fait encore rêver, c'est une évidence. Et heureusement !  (...) La relation qu'il y a entre les auditeurs et les salariés des radios est indestructible ! Mais il ne faudrait pas que certains employeurs utilisent la magie de travailler en radio ou l'attractivité que cela suscite dans la jeunesse pour contrevenir aux règles élémentaires du droit des travailleurs, c'est tout l'enjeu de notre mission syndicale : le contrôle et le dénonciation des abus.

Contact SNFORT : 01 56 22 43 18
Conventions collectives, crise à Radio France, turbulences au CSA, Radio Numérique Terrestre… Entretien complet à retrouver dans le prochain numéro de La Lettre Pro de la Radio.

Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé… En savoir plus sur cet auteur
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