Canada : les revenus des radios en baisse

Rédigé par le Vendredi 8 Mars 2019 à 08:00 | modifié le Vendredi 8 Mars 2019 à [HEURE]


En 2017, les services de radiodiffusion ont généré au total des revenus de l’ordre de 17.3 milliards de dollars, une baisse de 3.3% par rapport à 2016, et ils ont contribué pour environ 3.4 milliards de dollars, soit environ 20 % du total des revenus, au développement de contenu canadien dans l’ensemble des secteurs de la radio et de la télévision.



En 2017, 712 stations de radio commerciales produisant des rapports ont déclaré des revenus de 1.5 milliard de dollars, soit une baisse de 1.9 % par rapport à 2016. Cette baisse est légèrement supérieure à la baisse de revenus moyenne annuelle de 1.6% pour la période de 2013 à 2017. Cependant, la marge de rentabilité globale de ces stations de radio commerciales, 18.7%, est demeurée stable par rapport à celle de 2016 (18.6%). Les 591 stations commerciales FM produisant des rapports ont déclaré des revenus de 1.2 milliard de dollars en 2017, soit l’équivalent de 82% des revenus totaux de la radio commerciale. Les stations FM ont une rentabilité supérieure aux stations AM : elles ont déclaré une marge BAII de 21.4 % par rapport aux 6.0% déclarés par les stations AM.

Les stations commerciales FM dépendent moins des recettes publicitaires locales et plus des recettes publicitaires nationales que les stations AM. Alors que 63% des revenus des stations FM proviennent de la publicité locale et 36% de la publicité nationale, ces pourcentages sont respectivement de 73% et de 25% pour les stations AM selon le CRTC.


Bien que la vaste majorité des revenus soient générés par des stations de radio de langue anglaise, la rentabilité des stations de langue anglaise, de langue française et de langue tierce était plutôt semblable en ce qui a trait aux marges BAII. Ce qui distingue les stations de radio de langue tierce des stations de radio de langue française et de langue anglaise est la répartition des revenus : 88% des revenus des stations de langue tierce proviennent de la publicité locale, par rapport à 64% pour les stations de langue anglaise et à 59% pour les stations de langue française. De plus, les stations de langue tierce sont principalement concentrées dans les grands marchés, et ont une présence limitée à l’extérieur de ces marchés.


L'audience des radios en baisse, l'audio en hausse

Le nombre d’heures hebdomadaires moyennes que les Canadiens (de 18 ans et plus) passent à écouter la radio traditionnelle a légèrement diminué, passant de 15.2 heures en 2016 à 15 heures en 2017, alors que le nombre d’heures hebdomadaires moyennes passées à écouter des services de diffusion audio en continu est passé de 5.2 en 2016 à 7.2 en 2017, une augmentation de 38%. Par conséquent, le nombre d’heures hebdomadaires moyennes passées à écouter tous les services audio est passé de 20.4 en 2016 à 22.2 en 2017, le niveau d’écoute le plus élevé durant la période de 2013 à 2017. Cela démontre que les Canadiens écoutent de plus en plus de contenu audio. De plus, outre l’abandon de la radio traditionnelle, cela laisse entendre que les heures d’écoute du contenu audio diffusé en continu sont complémentaires aux heures d’écoute du contenu de radio traditionnelle.

Pourcentage des Canadiens de 18 et plus qui ont écouté des services sonores en continu au cours du mois précédent, par groupe linguistique et plateforme Source : OTM, automne 2016-2017

Pourcentage de ménages abonnés à la radio par satellite, par groupe linguistique Source : OTM, automne 2013-2017

Cinq groupes en tête

Pour 2017, en plus de déclarer la majorité des revenus du secteur de la radio, ces cinq groupes de propriété détenaient la majorité des parts d’écoute dans les marchés francophone et anglophone. Dans le marché anglophone, ils détenaient ensemble 55% des parts d’écoute : BCE en tête avec 18%, suivie par Rogers avec 13% et Corus avec 12%. Dans le marché francophone, Cogeco et BCE détenaient ensemble 54% des parts d’heures d’écoute hebdomadaires moyennes en 2017 : Cogeco en tête avec 32%, suivie par BCE avec 23%.

En 2017, l’écoute de la radio dans le marché anglophone était plus fragmentée que dans le marché francophone. Les trois principales formules dans le marché anglophone détenaient environ 44% des parts d’écoute : la radio à prépondérance verbale (Radio One de la SRC) et les nouvelles à prépondérance verbale en tête avec 22%, suivies par les formules country et Top 40, détenant chacune environ 11% des parts d’écoute. Les trois principales formules dans le marché francophone détenaient environ 73% des parts d’écoute : la radio à prépondérance verbale (nouvelles à prépondérance verbale et Radio Canada Première combinées) en tête avec 37%, suivie par la formule adulte contemporain hot avec 29% et la formule 40 plus grands succès/grands succès contemporains avec 7%.

PART D’ÉCOUTE DES FORMULES DU MARCHÉ ANGLOPHONE LES PLUS POPULAIRES (%)

Source : Sondage de l’automne 2017 par cahiers d’écoute de Numeris, lundi à dimanche, 5 h à 1 h, 12 ans et plus

PART D’ÉCOUTE DES FORMULES DU MARCHÉ FRANCOPHONE LES PLUS POPULAIRES (%)

Source : Sondage de l’automne 2017 par cahiers d’écoute de Numeris, lundi à dimanche, 5 h à 1 h, 12 ans et plus

RADIO-CANADA (SRC) : LE RADIODIFFUSEUR PUBLIC DU CANADA

Ses 14 stations AM et ses 53 stations FM ont déclaré des revenus de 295 millions de dollars en 2017, soit une augmentation de 1.6% par rapport à 2016. Cette augmentation est principalement attribuable à une augmentation semblable des crédits parlementaires, qui représentent 97% des revenus de la SRC. Depuis 2014, les ventes de publicités nationales représentent une source modeste de revenu pour les stations de la SRC. À leur sommet en 2015, elles représentaient 0.5% des revenus totaux du radiodiffuseur public. En 2017, la SRC a cessé de recevoir des revenus provenant de ventes de publicités nationales (outre des revenus de 82 000 $). 
Radio One de la SRC et son équivalant francophone ICI Radio-Canada Première sont des services de radio à prépondérance verbale populaires. Il s’agit de la formule de radio anglophone la plus populaire avec 13 % des parts d’écoute en anglais, alors que le service francophone a des parts d’écoute en français de 17%. Ensemble, ces services représentent 13.1% de toutes les heures d’écoute hebdomadaires moyennes. Ces formules de radio à prépondérance verbale génèrent 80,5 % des parts d’écoute de la SRC dans les quatre réseaux.

LES RADIOS NON COMMERCIALES


En 2017, il y avait 221 stations de radio non commerciales produisant des rapports et appartenant à quatre catégories : campus, communautaire, autochtone et religieuse. Les revenus totaux déclarés de ces stations en 2017 étaient de 71.8 millions de dollars : les stations communautaires généraient près de la moitié de ces revenus (47%), alors que les stations autochtones généraient près du quart (24%). Plus de 50% des revenus des stations de radio autochtones proviennent de sources non conventionnelles et d’activités de financement. En 2017, les recettes publicitaires représentaient 28% des revenus totaux (dont 89 % provenaient de la publicité locale) et les subventions gouvernementales représentaient 19 % des revenus totaux. D’après les revenus moyens par station, de toutes les stations de radio non commerciales, les stations de radio autochtones génèrent le plus de revenus par station. Par contre, leur marge de rentabilité est la plus faible de toutes les stations de radio non commerciales.

Revenus des stations de radio non commerciales, par type de service (millions $) Source : Données recueillies par le CRTC

ET LES RADIOS DE CAMPUS

Les revenus des stations de radio de campus proviennent principalement de sources non conventionnelles et d’activités de financement. En 2017, les subventions gouvernementales représentaient 16% des revenus de ces stations, alors que les recettes publicitaires représentaient 7% des revenus (dont 96% provenaient de la publicité locale). Bien que leur mandat soit semblable, les stations de radio communautaires ont des sources de revenus différentes des stations de radio de campus. En 2017, les recettes publicitaires représentaient 46% des revenus des stations communautaires, dont 79% provenaient de la publicité locale. Les subventions gouvernementales représentaient 18% des revenus des stations communautaires. 

Comme c’est le cas pour d’autres stations de radio non commerciales, en 2017, les sources non conventionnelles de financement étaient une importante source de revenus pour les stations de radio religieuses (54% des revenus totaux). Les recettes publicitaires représentaient 32% des revenus totaux (dont 98% provenaient de la publicité locale). Les ventes de droits de diffusion représentaient 9% et les subventions gouvernementales 5% des revenus des stations de radio religieuses. De 2013 à 2017, de tous les types de stations de radio non commerciales, les stations de radio religieuses ont déclaré la croissance annuelle moyenne des revenus la plus élevée (4.9%), suivies par les stations de radio de campus (4.5%) et les stations de radio autochtones (2.3%).

Nombre de services de radio publics/communautaires et privés autorisés à diffuser en direct au Canada, par province et langue de diffusion, 2017 Source : CRTC internal database

Le rapport de surveillance des communications 2018 est accessible ICI.
 

Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé… En savoir plus sur cet auteur
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