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Un collectif d'auditeurs s'engage pour Fip

Rédigé par le Mardi 24 Février 2015 à 07:20 | modifié le Samedi 24 Décembre 2016 à 10:50



Les auditeurs seraient-ils de plus en plus motivés à bénéficier d'un droit de regard sur leur radio préférée ? Après ceux de Mouv, ce sont au tour des auditeurs de Fip de monter au créneau. Très attentifs au développement de cette chaine de Radio France, ils se positionnent comme une force de pression et, de plus en plus, comme une force de proposition. Détails avec Philippe Guihéneuf du jeune collectif "Fip Toujours".


LLP - Selon vous, Fip est-elle menacée ?
PG
- En décembre dernier, une dépêche AFP parlait d'incertitudes sur l'avenir de Fip. En janvier, un article de l'Obs stipulait que Mathieu Gallet, le PDG de Radio France, menaçait de "débrancher Fip", en raison du déficit budgétaire annoncé pour cette année. Dans les deux cas, Anne Sérode, la directrice de la station, démentait à la presse. La première fois, très vite, lors d'une interview   très intéressante sur Web7Radio, la deuxième fois, un peu plus tardivement, dans un mail qu'elle nous a envoyé. Nous la croyons sur parole et la remercions de son écoute : elle est là pour développer la chaîne, pas pour la faire disparaître.

Nous sommes cependant étonnés que des journalistes aient pu interpréter et publier de telles informations sans un minimum de vérifications. Mais, nous préférons nous en tenir aux propos répétés d'Anne Sérode : "Fip n'est pas en danger". Précision, pour nous, Fip est un programme d'infos locales précieuses et bien choisies dans la journée, sur un fil musical exceptionnel, avec un flash d'information synthétique et ouvert sur le monde un peu avant l'heure pile (pour que si nécessaire on aille chercher des développements ailleurs). Le soir, c'est Jazz à Fip de 19h à 21h. L'antenne devient nationale dans la foulée, avec éventuellement des émissions dans la ligne éditoriale de la radio : culture, exigence, éclectisme, expérimentalité (c'est un néologisme), originalité et présence féminine...

LLP - Une pétition a été mise en ligne. A qui est-elle destinée ?
PG -
Elle est adressée à la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, et au PDG de Radio France, Mathieu Gallet. Son libellé est le suivant : "Préservez et développez #Fip, la pépite éclectique de Radio France !". 15 000 personnes l'ont signée en moins de 3 semaines. Cette pétition est un moyen d'alerter le public. En l'occurrence, l'expérience a montré que les mobilisations autour de l'avenir de Fip ont toujours été conséquentes. 2015 n'a pas failli à la règle : le public, les artistes, les salles de spectacles, les élus... ont répondu présents très rapidement.

Oxmo Puccino, Médéric Collignon, Baptiste Trottignon, Jeanne Balibar, Dominique A, les Malted Milk, par exemple, du côté des artistes. Toutes les salles de l'agglomération nantaise en parlent autour d'elles et signent. A Bordeaux, Paris et Strasbourg, les réseaux de diffuseurs s'organisent (Le Rocher de Palmer, la Cinémathèque....). Du côté des élus, la maire de Nantes, Johanna Rolland, et son 1er adjoint, Pascal Bolo, ont immédiatement apporté leur soutien. Des contacts sont en cours ailleurs.

Bref, nous savons désormais que, si nécessaire, de nouvelles actions pourront être menées, comme ce fut le cas lors de la présidence de Jean-Marie Cavada et de l'application du Plan Bleu. Cinq Fip locales furent fermées en septembre 2 000 (Lille, Lyon, Marseille, Nancy-Metz et Nice), malgré les mobilisations. Seule Nantes fut sauvée. Avec 15 000 personnes en si peu de temps, nous savons que nous avons désormais les moyens de nous structurer pour montrer notre désaccord en cas de décision catastrophique pour le programme... Mais nous n'envisageons pas cette option et préférons voir les choses sous un autre angle : celui du soutien dans le cadre d'une réflexion partagée entre Radio France et ses auditeurs.

LLP - Dans un deuxième temps, vous souhaitez créer une association, dans quel but ?
PG -
La création de l'association va dans le sens de l'implication des citoyens dans les processus de décisions publiques, comme le montre cette disposition adoptée en octobre 2013 à l'Assemblée nationale : le CA des médias de Service Public s'ouvre aux associations de défense des consommateurs... En quelques mots, il est bien d'associer le public à l'avenir des médias dans un esprit de dialogue constructif positif et bienveillant de part et d'autre, sans ingérence de la part du public (chacun son métier), mais avec vigilance.

La pétition s'intitule "Préservez et développez #Fip". Dit autrement de #FipToujours à #FipPartout... Puisque la pérennité de Fip semble acquise, il faut se pencher sur son développement. Le réseau tel qu'il est n'a aucune cohérence dans le cadre d'un service public audiovisuel national. Il faut l'étendre pour qu'il puisse couvrir tout le territoire. Nous avons imaginé une carte des bureaux locaux de Fip par grandes régions, mais ce n'est qu'une manière de poser les choses. N'y figurent que les implantations fictives, pas les émetteurs. L'idée est bien de couvrir tout le territoire et de participer ainsi à l'éclosion et à la diffusion de moults projets culturels et citoyens. Fip est bon pour la création et pour la pensée : elle les nourrit au moment de leur conception, elle les encourage au moment de leur concrétisation.

Bref, Fip accompagne. C'est la raison pour laquelle le public y est tellement attaché. Sauf erreur, le temps d'écoute moyen d'un auditeur de Fip est de près de 2h30... Ce qui est évidemment significatif. Dans le cas de Fip, on peut tout à fait imaginer des partenariats entre les auditeurs et la radio sur des festivals, des soirées, des débats hors-antenne... Bref, faire entrer le média dans les villes en tant que facteur de dialogue et donc, de lien social. Cela est tout à fait en accord avec la ligne éditoriale de la radio. A Nantes, par exemple, Fip organise le "Prix du Public" du festival des 3 Continents, festival de cinéma dédié aux cinématographies d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud. C'est en totale cohérence avec ce qu'est la radio.

On pourra nous rétorquer, avec raison, que tout cela ne tient pas compte de la situation budgétaire. Or, selon plusieurs sources, l'Etat doit de l'argent à Radio France. Et enfin, il faut se placer dans le cadre du développement de l'outil industriel avec la bascule tant attendue sur le numérique. La France est très en retard sur la question, il serait temps de faire preuve d'ambition et d'investir dans l'avenir. Cela peut donc faire l'objet d'un plan de modernisation dans lequel un financement public est tout à fait justifié.

LLP - Redoutez-vous néanmoins des changements de ligne éditoriale consécutivement au déficit actuel de Radio France?
PG -
La formule éclectique magique ayant fait ses preuves, il paraîtrait surprenant que Radio France veuille y toucher. Les résultats d'audience sont très très bons et en forte progression, partout où Fip est diffusée. Ce qui nous inquiète, c'est la volonté éventuelle de délaisser le local pour le national. Nous ne le répéterons jamais assez : Fip a un rôle essentiel sur le dynamisme créatif des régions. Et donc, sur tout un pan de l'emploi, du dialogue citoyen et du vivre ensemble. Comme nous nous plaisons à le dire: "Notre monde a besoin de tolérance, d'écoute et d'ouverture. Ça, c'est la théorie. Pour la pratique, il y a #Fip".

LLP - Vous qualifiez Fip de "pépite". Qu’est-ce cette station a selon vous de plus que les autres ?
PG - Parmi les milliers de commentaires laissés sur le site de la pétition, deux éléments reviennent très souvent : Fip accompagne et fait découvrir. C'est, personnellement, la seule radio que je puisse écouter en travaillant. Elle est là sans m'agresser. Mais elle est là... en permanence. C'est une pépite discrète et chaleureuse qui brille dans son coin sans s'imposer à l'autre. Proximité, discrétion, qualité, exigence... Et quand j'ai besoin d'elle pour quelque chose, elle me répond. Je ne dirai jamais assez merci à Fip pour tout ce qu'elle a pu m'apporter. Et nous sommes très nombreux dans ce cas : 15 000 personnes ont dit #FipToujours en moins de 3 semaines... Et cela ne fait que commencer !

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Frédéric Brulhatour
Brulhatour est le rédacteur en chef du magazine La Lettre Pro de la Radio et le directeur associé... En savoir plus sur cet auteur

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